Petit Patayo : un format d’origin(al)e

Pour changer un peu, je ne vous parlerais pas d’une bd en particulier aujourd’hui mais d’une collection particulière des éditions Patayo.

Si les comics, les mangas et la bd franco-belges ont des modes de parutions et de mises en pages spécifiques, il en est tout autre pour ce que les bobos aiment appeler le roman graphique. Un format libre, une parution sans contraintes (ou presque, les auteurs ont besoin de thunes quand même), et surtout une reconnaissance par les élites. Certains se désolent encore de la démocratisation du 9ème art à cet égard, qui perdrait de sa subversion pour devenir un produit formaté et « plaisant » pour tout le monde, mais ça n’est pas mon avis. Si je suis parfois agacée par l’attitude méprisante que peuvent adopter les parangons de la culture française en ce qui concerne les formats populaires (je dirais même traditionnels) de ces histoires racontées en dessins, je loue cependant l’abondance des créations éditées à la suite de leur intérêt nouveau.

Et c’est là que je découvre inopinément dans les étagères de ma librairie, une petite bande dessinée de poche. Ça sort du lot, je suis donc obligé de regarder de plus près. Il n’y a que deux petits livrets, mais j’apprends plus tard que cette collection contient 112 « tomes », il faudrait plutôt dire 112 histoires, toutes indépendantes les unes des autres. Ce qui relie toutes ses histoires, c’est son format justement. Inspiré des Lianhuanhua, album illustré traditionnel chinois, il reprend son format de poche (dit à l’italienne, je ne savais pas, à ressortir en soirée !) et son concept d’une seule illustration par pages, aux textes inscrit en dessous de l’image. En 92 cases investis par une pléiade de grands auteurs français et étrangers, nous est conté des histoires contemporaines singulières aux styles distincts et inventifs. Une collection surprenante à suivre, qui aura eu au moins le mérite de me faire découvrir une petite édition française aux choix éditoriaux fort intéressante. Et c’est déjà énorme.

C’est le moment où, peut-être, vous vous demandez pourquoi j’ai fait un laïus sur les bobos et leurs romans graphiques pour parler de petit Patayo. Tout simplement, pour le plaisir de la petite histoire. Patayo est typiquement une édition qui ferait jolie chez Télérama, une édition de beaux livres originaux (eux !). Et comme toujours, ce qu’aime l’élite culturelle française c’est le passé et surtout celui des autres pays (ils n’ont pas tort, ils ont fait des trucs super aussi !). Le format des Lianhuanhua était donc une évidence, ça date des années 50 et c’est chinois ! Très populaire là-bas, ils illustraient les grands classiques de leurs littératures ainsi que des récits pédagogiques à l’image de nos contes. Mais pas que (on n’empêche jamais la culture de voyager), car même si cela n’était pas autorisé, ce fut le format qui permit la diffusion d’œuvres occidentales tel que Tintin et Star Wars ! Et oui, des œuvres populaires pour des livrets qui l’étaient tout autant. La boucle est bouclée.

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