« Je vous aime, m’écriai-je, je vous aime plus que jamais, mais je ne dois ni laisser paraître ce sentiment, ni m’abandonner à lui ; et c’est la dernière fois que je puis l’exprimer.
- La dernière fois, Jane ! Comment ! Pensez-vous pouvoir vivre avec moi, me voir chaque jour et, tout en continuant de m’aimer, rester toujours froide et distante ?
- Non, monsieur, je ne le pourrai certainement pas, c’est pourquoi je ne vois qu’un moyen, mais si je vous en parle, vous allez vous fâcher. »
Faire une critique littéraire fraîche et inédite de Jane Eyre semble être une mission bien périlleuse, si ce n’est impossible. Tant de choses ont été dites sur les sœurs Brontë, tant d’études ont été consacrées à la vie et à l’œuvre de Charlotte, qu’il semble impossible ici de résumer l’ampleur de ce roman au sein de l’histoire de la littérature, de dire vraiment quelque chose de nouveau.
Pourtant, à un moment où je souffrais de mes lectures peu satisfaisantes, ça m’a fait du bien de me plonger dans un véritable classique. Ca a été une bouffée d’air frais dans ce monde de brutes qu’est la littérature contemporaine, n’est-ce-pas.
L’histoire, vous êtes certainement nombreux à la connaitre : Jane Eyre, qui n’est autre qu’un double de l’auteure (on dirait aujourd’hui un avatar, j’imagine), nous raconte sa vie, de son enfance orpheline, de ses années d’études dans un pensionnat austère, et de sa découverte de l’amour en la personne de Rochester. Bien des déconvenues vont jalonner le parcours de Jane, qui sont autant d’épreuves pour affirmer sa foi, sa moralité, sa droiture et son intelligence. Quelques évènements aux limites du surnaturel viennent parfois piquer le récit. C’est l’histoire d’une vie, témoignage désormais historique de son époque.
A travers Jane Eyre, c’est l’incroyable univers de Charlotte Brontë que le lecteur découvre : une imagination débordante, la fierté d’être anglaise, une certaine révolte sociale en ce que l’auteur dénonce les conditions de vie des pauvres par rapport aux riches et un féminisme mesuré par rapport aux conventions sociales, mais bien présent tout au long du roman.
C’est surtout son histoire que la romancière raconte avec son aversion pour les études au pensionnat, une histoire d’amour impossible, son indifférence pour les enfants et sa révolte face à la découverte de la condition des gouvernantes, emploi qu’elle a elle-même tenté d’exercer.
Nulle besoin de biographie pour découvrir Charlotte Brontë, la lecture de Jane Eyre apportera les premières indications pour découvrir cette personnalité incroyable. Et si l’on a un tant soit peu l’âme romantique et que l’on se passionne pour les histoires d’amour passionnées, impossibles et aux rebondissements incroyables, on aura tout le loisir de choyer son esprit à l’eau de rose.
Jane Eyre, avais-je besoin de vous le vendre ?
Titre : Jane Eyre
Auteur : Charlotte Brontë
Editeur : Le livre de poche
ISBN : 978-2253004356