Primitiv est un groupe de Doom Metal indien dont le debut album, Immortal & Vile a été publié en février 2016 par l’excellent label Transcending Obscurity
J’avais écouté le disque début 2016 pour en faire la chronique sur Metal-Impact ( Immortal & Vile sur Metal-Impact). J’ai remis récemment le disque sur ma platine à l’occasion d’un dossier que je prépare sur le Metal Indien. Et ce qui m’avait déjà remué en février s’est à nouveau imposé à moi comme une évidence : c’est du putain de bon son. Il fallait donc que j’en fasse profiter nos fidèles lecteurs sans tarder.
Ce qui est frappant avec la scène indienne, c’est l’engagement total des artistes qui ont choisi le Metal comme moyen d’expression. “J’étais attiré par l’univers Metal et le fait que le Metal aborde des sujets et des thèmes qui effraient les autres genres musicaux. Pour moi, le Metal est le refuge des gens qui ne rentrent pas dans le moule et je pense justement que je ne fais pas partie du troupeau” (Riju Dasgupta / Primitiv). Moi, ça me parle, car je perçois également le Metal comme un courant global allant au-delà de la musique. Un courant marginal, extrême et plutôt underground. En Inde, le Metal n’est même pas considéré comme un courant musical. Au pays de Bollywood, ce qui domine le marché c’est le néo-folkore et la soupe servie par des clones indiens de David Guetta. Ici comme là-bas, pour faire vivre un projet musical, il faut être prêt à bien des sacrifices, il faut être mû par une passion brûlante. Une passion d’autant plus brûlante qu’on choisit une voie qui ne bénéficiera pas (avant longtemps) de la caution morale des mass médias. Le Metal n’est pas la voie de la facilité et le choix du Metal comme moyen d’expression correspond à un état d’esprit, traduit une rage une colère ou d’autres sentiments inavouables que des styles musicaux plus acceptés par le grand public ne permettent pas d’exprimer.
“Nous racontons le destin d’un monde dystopique à travers le filtre d’une musique sombre et pessimiste”(Riju Dasgupta / Primitiv)
Si vous êtes intéressé par la scène Metal indienne, Transcending Obscurity est le label à suivre. Initialement webzine, Transcending Obscurity s’est lancé dans l’aventure de la promotion des artistes indiens et c’est par ce truchement que j’ai découvert la plupart des groupe de Metal indien que j’écoute actuellement. C’est justement ce label qui a publié Immortal & Vile, debut album de Primitiv. Comme le dit si bien le groupe, c’est dark. Une orchestration pachydermique sur un tempo extra lent, une rythmique grasse comme un tombereau de vase, une batterie formidable, à la fois naturelle, bourrine et subtile (je sais, ça parait paradoxal), un chant growlé caverneux du plus bel effet (ça fait longtemps que je n’avais pas entendu un death growl si convaincant dans le Doom – Death) et une trame narrative bien exploitée. Assez court (30 minutes), l’album est bien construit, débutant par “Clash Of God”, une introduction cinématographique, avec musique grandiose, voix off d’outre tombe et effets sonores. Primitiv nous précipite ensuite dans son univers macabre et toxique avec une série de morceaux coup de poing (dans le bide). Des hits en mode béton armé dans ta face comme “World War Zero” ou “Dead Man’s Desert”. Des intros bien léchées, des riffs bien foutus, un bon équilibrage, le groupe évitant de tomber dans le piège Doom contemplatif qui met des plombes à poser ses ambiances.
Tous les groupes de Metal indien n’ont pas le niveau de maturité et de créativité de Primitiv. Si beaucoup ont découvert cette musique grâce à Iron Maiden, un certain nombre éprouve quelques difficultés à s’éloigner de ce glorieux modèle. Ce n’est heureusement pas le cas de Primitiv qui propose une musique vraiment très personnelle, originale et envoûtante. Le seul regret qu’on puisse avoir à l’écoute de cette musique c’est qu’il y a peu de chance pour que le groupe vienne se produire dans nos contrées dans un futur proche.