Rammstein, Emigrate et Lindemann

Rammstein est devenu un de mes groupes metal préféré depuis que J’ai découvert, il y  a environ 2 ans, leur immense concert donné dans les Arènes de Nîmes en juillet 2005. Ce live a été capté en son et vidéo, tu le retrouves dans le coffret Völkerball. La video circule sur Youtube.
J’adore ce live même si je trouve qu’on y voit un peu trop le public. Il est jeune, il est en sueur et il est hystérique. Si tu as déjà passé un mois de juillet à Nîmes, tu peux comprendre. Il doit faire environ 25° sans bouger, donc serrés en pack épais dans une immense fosse où tu as cuit pendant l’après midi avant de t’infuser en première partie un DJ de merde qui a fait des mix foireux de….Rammstein et a quitté la scène sous les huées de la foule…tu as attendu patiemment que la nuit soit complètement tombée en te faisant bouffer par les moustiques, et puis la scène s’est illuminée et tu as laissé exploser ta joie bestiale pendant 1h40…

Mais revenons à la genèse. En 1995, alors que la scène metal traverse une phase assez morne, un ovni musical apparait dans les bacs des disquaires. Une pochette improbable avec six mecs rasés et bodybuildés, le corps huilé, qui posent devant une immense fleur. Des tronches pas possibles de soudeur à l’arc et un côté un peu malsain, genre backroom…et devine quoi: on les a accusé de faire l’apologie du nazisme. Ben oui, évidemment, des allemands, avec des coupes militaires, qui posent torse nu et les muscles saillants, ça ne peut-être que des nazis, non?

Rammstein herzeleid

Une musique qui hésite entre Eletcro et Metal Indus, comme du Nine Inch Nail en plus Metal et en plus crade aussi. Avec un mid tempo agressif, des riff chirurgicaux, autoroute, une batterie super rapide, des arrangements electro et la voix rauque et rugueuse du lead vocal Till Lindeman. Rammstein chante en allemand. Et la langue de Goethe colle parfaitement à la sonorité des six berlinois. De quoi clouer le bec à tous ces gommeux persuadés qu’on ne peut bien chanter rock qu’en anglais…
Ce premier effort a beau être un peu répétitif, il propose une sonorité nouvelle, quelque chose de massif, compact, bétonné et accrocheur dans sa construction itérative.
Le sextet transforme l’essai deux ans plus tard avec Sehnsucht sorti en 1997. Une pochette moins ambivalente, un son beaucoup plus travaillé, mais toujours cette passerelle entre Metal Indus et Electro et cette sonorité collective, dont rien ne dépasse à part la voix virile de Till Lindemann. Sensusch ne propose que du bon son, dont le tube international Du Hast, figurant notamment sur la BO de Matrix. Du Hast est l’hymne de Rammstein, c’est aussi un bombe pour live, comme ici au Wacken Open Air où le refrain est repris en choeur par les 50.000 festivaliers (a part çà le son est plutôt pourri, mais tu peux aussi l’écouter sur le live de Nîmes…)

L’année suivante, Rammstein sort une cover de Stripped (Depeche Mode) avec un clip reprenant des extraits du film de propagande nazie Les Dieux du Stade. Cette provocation relance la rumeur sur l’obédience néo-nazie du groupe. C’est aussi le premier morceau chanté en anglais, et à l’entendre on se dit que 1. l’original est mieux, 2. C’est aussi bien que Rammstein chante en allemand (c’est mon avis, mais c’est mon article alors bon, je peux dire ce que j’en pense…tu vas voir, je suis encore plus méchant après).

C’est le début de la gloire pour Rammstein. Ils ouvrent pour Korn, vont aux Etats-Unis, deviennent célèbres en Europe, enregistrent leur premier album live (le Live aus Berlin, de 1999)…et ils commencent à se faire remarquer avec des concerts où les effets pyrotechniques se multiplient (je développe pas, regarde donc le live à Nîmes pour des exemples en pagaille).
Les trois albums qui vont suivre sortent à un rythme effréné: Mutter en 2001, Reise Reise en 2004 et Rosenrot début 2005. Le groupe y délaisse la sonorité electro de ses débuts au profit d’un Metal Industriel très Heavy et un petit peu plus mainstream (enfin, mainstream pour le metal). Les berlinois n’ont pas perdu cette capacité à balancer des pavés de gros son mais il se laissent aussi aller à des ballades mielleuses comme Mutter, Ohne Dich, Amour et le terrible et très critiqué Stirb nicht vor mir (sur Rosenrot) en duo avec la chanteuse Sharleen Spiteri (Texas). On ne peut pas dire que la qualité aille décroissant sur ces trois albums mais il faut bien reconnaitre qu’elle n’est pas aussi uniforme que sur les deux premiers disques. Rammstein s’internationalise et se créé une nouvelle fanbase. Le Reise Reise Tour qui passe en juillet 2005 par les arènes de Nîmes réconcilie tout le monde. En live, les nouveaux morceaux envoient autant de pâté que les premières. A écouter ce concert, on se dit qu’en fait TOUTES LEURS CHANSONS sont des hymnes pour live, du son taillé pour la scène avec lequel les allemands mettent le feu…

Puis quatre ans de silence avant le dernier album original en date, Liebe ist fur alles da en 2009, considéré comme certains fans par un retour aux sources. Le groupe qui n’est pas à une provocation près réalise un clip avec des stars du x pour sa chanson Pussy. Le disque est interdit à la vente aux mineurs en Allemagne et le clip fait un buzz phénoménal alors qu’il n’est pas beaucoup plus nsfw que le Cours vite de Silmarils

ou le torride PCV d’Yves Renier…

Depuis, six ans, le groupe n’a rien produit. Une compile, plusieurs festivals, mais aucun nouvel album à l’horizon. Et Till Lindemann semble dire que rien n’est programmé, chacun vaquant à ses petites occupations perso…alors pour se sustenter en attendant un hypothétique septième opus, les fans doivent se contenter des side project de Richard Z. Kruspe, Emigrate qui a sorti son deuxième album fin 2014 et Lindemann, le side project de Till qui sort quant à lui son ‘debut’ album cette semaine.

Le point commun à ces deux projets, c’est qu’ils sont interprétés en anglais et qu’il n’est pas difficile de les relier à Rammstein tant le son en est voisin. Si sur Silent so long, son deuxième album solo, Richard arrive à prendre quelques distances, ce n’est pas le cas de Till qui propose une version Rammstein du pauvre où le manque d’originalité de la musique est compensé par des paroles explicites à faire rougir tout le crew de 2 live crew.
L’alchimie ne prend pas et tout fan qui se respecte ne peut qu’espérer que le groupe arrive à se recentrer sur un projet collectif et proposer un vrai disque de Rammstein plutôt que ces side project pauvrets…

Tu trouveras tout ce que je n’ai pas dit sur l’excellente et très documentée Page Wikipédia consacrée à Rammstein et si tu veux acheter un mug, un porte clé ou la Vodka logotypée, tu peux aller jeter un oeil à la boutique en ligne officielle Rammstein.

rammstein

1 Comment

  • Tara
    Tara

    Bon article, même si je suis loin d’être d’accord sur tout !
    Lindemann réussi à se détacher de Rammstein, et à recréer le monde barré de Till (à lire : Messer et In Stillen Nächten, ses bouquins de poésie). C’est glauque et beau à la fois, même si le son reste proche de Rammstein. Le premier album d’Emigrate était très bon, c’est vrai que son second s’essouffle (Rainbow est quand même grave cucul).
    Pareil, je ne suis pas d’accord pour les ballades de Rammstein que tu trouves trop mielleuse, m’enfin après chacun son avis. Ca parle à certains, et pas à d’autres ! C’est incontestable que le son a évolué, et que LIFAD revient un peu aux sources.
    Enfin bref, un bon article ! Ca fait du bien de lire des avis différents des siens de temps en temps, d’autant plus que là c’est argumenté. Bonne continuation !

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