Roman de gare & orthodontie

« Ils étaient tous les deux, dans mon cadre, et j’ai pu voir leur visage, nos enfants. C’est alors que je fus foudroyé par une étrange révélation : ils avaient tous les deux ce qu’on appelle les dents du bonheur ».

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Fritz et Alice sont amoureux. Ils viennent de milieux différents : famille bourgeoise et conservatrice pour elle, ascendance hippie pour lui. Leurs différences les feront se séparer, puis se retrouver. Entre temps, Fritz aura une liaison avec une de ses collègues  légèrement hystérique, à laquelle il n’arrivera pas à mettre un terme, menacé par sa maitresse de tout révéler à sa future femme. La menace est finalement mise à exécution et les deux amoureux se séparent à nouveau. Pour longtemps. Ils feront alors leur vie chacun de leur coté, justifiant ces terribles coups du sort par cette même dent qu’ils ont de fendue tous les deux. Des années plus tard, ils se retrouvent grâce à leurs enfants respectifs, qui se plaisent, c’est certain. Et c’est  grâce à cette vision de leurs sourires aux dents du bonheur que les deux parents gardent l’espoir que leurs enfants réussissent enfin là où ils ont échoué. Comme si tout n’était qu’une histoire de dent.

Il parait – encore une fois – que Foenkinos est un passionné de l’œuvre d’Albert Cohen. Et je crois qu’il va bien falloir se rendre à l’évidence : l’œuvre du maitre est souvent copiée mais jamais égalée. Apparemment ce fait n’empêche personne de s’y essayer. Œuvre complète et complexe, ce n’est pas parce qu’on prétend vouloir écrire des romans d’amour – et j’espère que tu m’entends Foenkinos – qu’on est doué pour, forcément, et qu’on a quelque chose d’inédit à en dire (l’amour n’est pas une invention récente, quand même !).  Le thème passionne – enfin ça fait vendre, puisqu’à priori on serait tous concernés -, surtout quand les histoires sont tristes, compliquées, et qu’elles se finissent mal.

Bizarrement, les gens n’essaient pas de copier Céline… Quelles conclusions en tirer? Hein?

Outre le problème de l’inspiration, j’ai pu, au gré de mes lectures sur l’auteur, découvrir que celui-ci déclare ne jamais s’inspirer, ou presque, de son vécu dans ses livres. On aurait presque pu s’en douter : pour réussir à créer des personnages aussi cucul-la-praline, creux et aux réactions trop attendues pour être vraies, il fallait forcément les créer de toute pièce et par conséquent les foirer. Foenkinos est diplômé de la Sorbonne, professeur de musique… et publié chez Gallimard : bonjour l’erreur de casting ! Ma plus grande question à ce jour le concernant est : Comment a-t’il réussi à écrire, à être publié et de surcroit chez Gallimard ? Y’a forcément un truc pas net derrière tout ça. Je me serais moins posé de questions s’il avait été chez Lattès, ou pire, XO.

« Je n’ai certainement pas fait assez de sport dans ma jeunesse pour supporter ainsi les mouvements irréguliers de mon cœur. Cela fatigue tellement, ce mouvement perpétuel du bonheur au malheur. Avec Alice, j’alternais sans cesse entre les mouvements d’euphorie où je voulais l’emmener en weekend sur la Lune, et les moments de violences intersidérales où je l’aurais enfouie au cœur de la Terre. Je pense qu’elle ressentait exactement la même chose. Habituellement si douce et si chuchotante, elle était capable de crier subitement, de déverser des sons stridents dans mes oreilles amoureuses. Nous étions dans la valse des tonalités. Et je n’étais pas loin de penser que l’amour rend surtout sourd. »

LOL (vu le niveau, je peux me permettre.)

 

Titre : Nos séparations

Auteur : David Foenkinos

Editeur : Gallimard

ISBN : 9782070122257

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