J’ai rencontré ma fierté lorsque j’avais six ans. J’avais remporté le concours d’orthographe de ma classe, et gagné un cahier de textes flambant neuf. Elle m’a suivi, ensuite, à chaque exploit. Jamais elle ne m’a blessée, même si elle a fait des apparitions fâcheuses, parfois.
J’aimais ma fierté. Cet attribut qui faisait que l’auto-satisfaction emplissait mon coeur et me suffisait à être heureuse. J’ai toujours accordé un point d’honneur à me contenter de ce sentiment égoïste. Jusqu’à mes premières relations amoureuses.
Ma fierté a réellement disparu lorsque je suis tombée amoureuse de toi. Je me suis accrochée à elle, pensant que t’aimer et la conserver étaient compatibles. C’était tellement faux. C’est en claquant la porte de mon coeur qu’elle m’a dit, avec tendresse et sans rancoeur :
« Je me retire, moi, car toi je te vois, avec tes yeux de fille amoureuse, tu vas être encore par terre, tu vas pleurer encore des litres de larmes, tu vas encore avoir le crayon qui coule, tu vas encore parler de lui à tout le monde. Je me retire car je te vois maintenant et je devine ce que tu seras dans deux, six, dix, vingt mois. Je me retire pour que tu souffres moins. »