Snabba Cash, la série chaude qui vient du froid.


Affiche de Snabba Cash

Lorsque j’ai lancé le premier épisode de Snabba Cash, mon principal objectif était d’éponger mes dernières déceptions Netflix. En effet, je sortais de la série Qui a tué Sara ?, dont la faiblesse du scénario n’a d’égale que la lourdeur des personnages. J’avais espéré me remettre de mon désenchantement causé par Le Serpent, histoire intéressante et tirée de faits réels, mais dont les incessants allers et retours dans le temps avaient fini par m’agacer. Si un scénariste me lit, je ne saurais assez lui rappeler que trop de flash-back tuent le flash-back. Bref, j’avais besoin de me réconcilier avec le concept même de la série.

Quoi de mieux, pour se faire, que de se tourner vers un petit thriller suédois ? Nation qui, je le rappelle au passage, accoucha de Millenium pour ne citer que ce chef d’œuvre. En l’occurrence, pour Snabba Cash, le pitch est très différent mais pas moins intéressant : Nous sommes dans la banlieue de Stockholm où nous suivons la vie de Leya, jeune entrepreneuse qui souhaite se sortir de la misère en faisant grandir sa start-up. Mère d’un jeune garçon et veuve d’un dealer assassiné, elle s’associe à son beau-frère, lui-même dans le trafic jusqu’au cou, pour obtenir les faveurs du meilleur investisseur possible pour son projet. Mais comment s’échapper de la zone lorsque l’on s’associe à un baron de la drogue tout en tombant amoureuse de son homme de main ?

Alors c’est vrai, les thèmes abordés peuvent être légitimement taxés de réchauffés. La guerre des gangs au sein des banlieues, la volonté d’émancipation, l’envie de réussir à s’extirper du ghetto, l’amour impossible entre la belle et la bête, etc… Pourtant, on oublie assez vite cet état de fait et on se laisse facilement embarquer dans l’histoire au fur et à mesure des épisodes. La qualité de l’écriture de Jens Lapidus n’y est probablement pas pour rien. Snabba Cash est tirée de sa trilogie Stockholm Noir, qui est un polar tournant autour de la pègre suédoise. La réalisation de Jesper Ganslandt est également en tout point remarquable. Toujours au cœur de l’action, caméra au poing, sans artifice, son style m’a beaucoup fait penser à la mise en scène de La Haine par Mathieu Kassovitz, le noir et blanc en moins.

Snabba Cash, l'amour impossible

Les personnages sont attachants et parfaitement bien interprétés. Leya est campée par la sublime Evin Ahmad, sorte de Leïla Bekhti scandinave, charmante et dure à la fois. Le rôle le plus touchant est paradoxalement celui de Salim, le tueur au sang-froid, incarné par le talentueux Alexander Abdallah. Sans oublier le jeune Tim, adolescent qui veut impressionner ses amis et sa petite copine en rentrant dans un gang, joué par Ali Alarik. Le point fort de cette série est certainement la profondeur des protagonistes. Il n’y a pas les sempiternels gentils d’un côté et les méchants de l’autre. Personne n’est tout blanc ou tout noir, chacun a ses vices et ses aspérités, sa morale et sa conscience.

Je ne voudrais pas oublier de vous parler de la B.O. de Erik Enocksson qui est assurément de grande qualité. A l’instar du thème principal qui, contre toute attente, a pris place dans ma playlist. Cela s’appelle Försent, c’est interprété par les artistes 1.Cuz et Greekazo, en suédois dans le texte. Autant vous dire que je ne comprends pas un traitre mot de ce qu’ils racontent, mais ils me cassent bien la nuque et m’ambiancent comme il faut. Je vous laisse en profiter à votre tour !

Il fallait quand même que je trouve un bémol à cette mini-série et je ne surprendrai personne en vous disant que c’est, comme souvent, la version française. L’action se déroulant principalement autour de la jeunesse banlieusarde, la production use et abuse d’un langage façon wesh-wesh légèrement éculé, pour ne pas dire carrément suranné. Cela donne parfois des dialogues assez clownesques alors que le moment est tragique, et c’est bien dommage.

Ainsi, si Snabba Cash n’est pas la série du siècle, loin s’en faut, elle reste divertissante et prenante. D’un scénario a priori sans surprise, les auteurs ont réussi à dérouler un thriller haletant qui nous prend par la main et nous permet de nous lier aux personnages. Le dénouement, qui plus est, n’est pas celui que l’on attendait. Il est assez déroutant, ce qui de mon point de vue, est encore à mettre au crédit de cette œuvre venue du nord. Je vous invite donc à la visionner et à ne surtout pas oublier de venir me dire ce que vous en avez pensé en commentaire. Quand bien même ne seriez-vous pas d’accord avec mon analyse, je vous expliquerais en quoi vous auriez tort et moi raison. Enjoy !

Snabba Cash est disponible sur Netflix depuis le 7 avril.

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