« Ce livre est avant tout l’histoire d’un homme, qui vécut la plus grande partie de sa vie en Europe occidentale, durant la seconde moitié du XX° siècle. Généralement seul, il fut cependant, de loin en loin, en relation avec d’autres hommes. Il vécut en des temps malheureux et troublés. Le pays qui lui avait donné naissance basculait lentement, mais inéluctablement, dans la zone des pays moyen-pauvres ; fréquemment guettés par la misère, les hommes de sa génération passèrent en outre leur vie dans la solitude et l’amertume. Les sentiments d’amour, de tendresse et de fraternité humaine avaient dans une large mesure disparu ; dans leurs rapports mutuels ses contemporains faisaient le plus souvent preuve d’indifférence, voire de cruauté. »
A vingt ans d’intervalle, le prologue des Particules Elémentaires pourrait introduire le dernier roman de Houellebecq, Soumission.
Dans ce roman, notre héros et narrateur, François est un universitaire célibataire, misanthrope, aigri et lucide dont l’apogée fut la publication de sa thèse sur l’écrivain et prosélyte Joris Karl Huysmans, quinze ans plus tôt. Dans la France de François, le sujet de fonds c’est l’élection prochaine d’un nouveau président de la république qui sera soit Marinne Le Pen, soit un candidat musulman. Mais cette toile de fonds ne doit pas faire perdre de vue le vrai sujet du roman qui est la crise de la quarantaine, ce tournant de la vie où on fait son auto-analyse et où on cherche un sens aux choses, où on se demande comment se passera la fin du voyage.
C’est le chemin de François, mettant en perspective la vie de Huysmans avec la sienne, il dialogue avec différentes figures moralisatrices et symboliques qui lui donnent des clés de lecture et des pistes. Il prend finalement la décision qui lui permette d’envisager la deuxième moitié de son existence de façon plus optimiste dans une société bouleversée par l’élection d’un nouveau président dont la ligne politique a radicalement transformé le pays.
Bref, c’est un roman d’éducation. A mon goût pas le meilleur de l’auteur, mais pas non plus l’ignoble bouse annoncée par bien des basheurs, souvent sans l’avoir lu ; car Houellebecq est de ces figures qu’il est de bon ton de détester. Au moins a-t-il le mérite de ne pas laisser indifférent!
Sorti le 7 janvier dernier , le roman n’a pas bénéficié de la couverture médiatique habituelle, l’auteur ayant mis un terme à sa campagne promotionnelle suite à la tuerie de Charlie Hebdo, dont le dernier numéro paru lui réservait justement sa couverture (et une critique par Bernard Maris).
Politique-Fiction, roman d’anticipation, roman d’éducation…un peu de tout çà en fait.