Three Billboards / Les Panneaux de la vengeance de Martin McDonagh « And the Oscar goes to… »

Chaque années un ou plusieurs films dits à Oscars sortent sur les écrans, ces films qui semblent être faits pour rafler tous les prix dans toutes les prestigieuses cérémonies cinématographiques mondiales et qui sont simplement, le fruit du talent de leur auteur, de l’équipe et du hasard.

Cette année l’un de ceux qui a de très grandes chances de se qualifier est Three Billboards, efficace film de vengeance situé dans une paisible bourgade américaine.

Toujours endeuillée par le viol et le meurtre de sa fille neuf mois auparavant, Mildred Hayes (Frances McDormand) décide de réagir car la police n’a obtenu aucun résultat. Elle fait inscrire sur trois panneaux menant à sa ville un message dirigé contre le chef de la police William Willoughby (Woody Harrelson). Lorsque Dixon (Sam Rockwell), l’officier en chef raciste et violent s’implique dans la dispute, la lutte entre Mildred et les forces de l’ordre tout aussi raciste et corrompues de la petite ville d’Ebbing prend un tournant dangereux.

Quand je parle de film de vengeance, je n’entend pas par là un Revenge movie où un vieux moustachu décanille des loubards ayant violés sa fille dans une ruelle de New York, ni de la traque d’une bande de rednecks pleins de bières par la jeune femme ivre de vengeance qu’ils ont violée et laissée pour morte. Non, ici la vengeance est plus en finesse et menée de front par une mère de famille meurtrie et désabusée par l’inaction de flics racistes face à la mort violente de sa fille. Une femme rongée par le remord et la tristesse se barricadant sous un caractère en acier trempé lui permettant de tenir tête aux plus coriaces hommes de sa ville.

Three Bilboards

Three Billboards est aussi une virulente charge sur la ruralité et l’autarcie et ses travers. Car si nous sommes beaucoup à vouloir oublier la ville et son vacarme moderne, l’isolation et le repli sur soi communautaire a ses travers surtout quand il est teinté d’un patriotisme un peu trop exacerbé mixé avec une inculture flagrante pour certains.

Mais ce qui distingue aussi nettement Three Billboards c’est son ton. Nageant (oui un Thon ça nage) sans cesse entre drame et humour, confère au métrage une dimension unique emprunte de moments de tristesse et un humour corrosif. Car si le sujet est fort triste et poignant, le film est par moment vraiment drôle au travers de certaines situations, de dialogues et des protagonistes qui les débitent.

Three Bilboards

Et c’est aussi ceux qui campent ces protagonistes tous aussi prévisibles et pourtant aussi surprenants dans leurs actions, qui font de ce film un fort bon film. Mené par un quintette d’acteurs formidables Frances McDormand, Woody Harrelson, Sam Rockwell, John Hawkes et Peter Dinklage, qui à mon avis vont tous se taper la bourre pour décrocher la précieuse statuette. De plus, il est bon de noter que le personnage magistralement campé par Frances Mc Dormand (Mme Joel Cohen à la ville) est un des personnages de femme les plus fort qu’il m’ait été donné de voir au cinéma depuis Ripley dans Aliens, et a bien y regarder le film de Martin McDonagh a un gros petit côté film des frères Cohen. Woody Harrelson interprète un des personnages les plus touchants de sa carrière avec ce shérif atteint d’un cancer sournois, Sam Rockwell y est sidérant en flic redneck et raciste et abruti, John Hawkes acteur trop rare a mon sens) comme toujours impeccable en ex mari colérique, et le grand (ce n’est pas un jeu de mots)Peter Dinklage trouve un rôle formidable et sensible en pilier de car amoureux de la maman vengeresse.

Three Bilboards

En quelques mots ce film que nous a concocté le réalisateur de Bon baisers de Bruges et 7 Psychopathes est de loin son plus beau tour de force et risque fort de le faire rentrer dans la cour des grands plus vite que prévu. En attendant si certaines ficelles sont parfois sur le point de vue émotionnelles un peu bateau, le film est véritablement une réussite et nous permet d’assister à un des plus beaux numéros d’acteurs depuis les grands classiques du cinéma US des seventies. Three Bilboards nous prouve qu’il n’y a pas meilleur que l’Amérique pour fustiger l’Amérique et non sans un talent inné.

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