torpeur

Il y a cet instant délicieux où j’oscille entre sommeil et éveil, entre songe et réalité. Où le bout de mes doigts picote, signe que mon corps reprend vie, tout doucement, à son rythme.

Et pourtant, j’ai horreur du matin. Ce passage du temps me déplait. Je trouverai à chaque fois un détail ou une excuse qui m’empêcheront forcément de me lever. Trop de soleil, un peu de pluie, un ciel trop gris. Il fera trop froid, trop chaud, ou bien il sera tout simplement trop tôt.

Mais toi, tu seras déjà debout. Souvent j’ouvre un œil, et je devine ton absence dans le noir. Je ne t’ai pas senti partir ; tu as filé sans bruit et laissé dormir encore la vilaine paresseuse que je suis. J’entends la cafetière qui ronronne, la radio qui chuchote, il y a l’odeur du pain aussi, mais non : obstinée, je m’enroule dans la couette et dans ta chaleur qui demeure dans les draps.

Je resterai noyée dans mon oreiller vert et dans un rêve que j’aurais voulu ne jamais voir finir. Me rendormir, toujours, fuir peut-être, et attendre que quelque chose, ou quelqu’un, vienne me chercher. J’attendrai un baiser sur la joue, une caresse sur la nuque, une main dans mes cheveux ou, plus téméraire, sur ma hanche. Et j’ignorerai toujours la voix suraigüe de mon alarme en colère qui m’ordonne de me tirer du lit. Tout de suite.

Je patienterai simplement, jusqu’à ce que tu me rejoignes.

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