Il m’arrive souvent de suivre des courants, un peu comme on trouve un filon dans une mine d’or, parce que des fois on croit tomber sur des diamants. Bon je vous passe les métaphores des déceptions qui jonchent ce parcours.
Mais on trouve TOUJOURS des pépites, et en ce moment au Canada il y a des gemmes qui fleurissent. Il y a quelques mois j’avais absolument craqué pour Austra, ces derniers temps je ne me passe plus de Grimes. Ce n’est pas du tout parce que je suis tombé sur une photo d’elle Totoro à l’épaule que j’ai encore plus eu envie d’aller voir ce qu’elle fait.
J’ai principalement écouté Vision, son quatrième album, et sans doute aussi son plus abouti d’après ses propos. Des fois c’est un peu compliqué d’expliquer pourquoi on aime tellement quelque chose, à part en disant « Tout y est » – « L’équilibre de sa musique est parfait » – « J’ai toujours voulu entendre cette musique »… Ce dont je suis sûr c’est que je trouve sa vision des nouvelles façons de faire de la musique intéressante et en général très juste. A cela s’ajoute sa quête musicale de fusion des genres, le mix improbable de ses influences diverses qui sont pour moi l’évidence d’une putain de vraie recherche artistique.
Elle combine un instinct débordant à un travail d’orfèvre et compose l’intégralité de sa musique seule, au plus près de ce qu’elle veut donner, s’aidant à de rares occasions de musiciens extérieurs.
A l’image des multiples influences qu’elle revendique, sa musique est hyper colorée, électronique mais charnelle, mouvante et riche de plein de sons hypers différents qu’elle agence avec naturel, en pleine cohérence. Elle joue de sa voix de cent manières, intègre de façon innovante des gimmicks à l’ancienne sans faire caricature. Je me dis qu’elle y arrive parce qu’elle n’a pas peur d’aller loin, et parce que sa motivation essentielle c’est la musique avant tout.
Sur Visiting Statue (et d’autres) elle pousse sa voix vers des aigus qui feraient penser à Minny Ripperton, accompagné de rythmiques ultra lourde/moderne qui transcendent totalement la comparaison. Il y a une ombre pop omniprésente dans tout l’album mais qui s’étire vers les bordures extérieures de l’arc-en-ciel purement niais.
Je suis juste dingue de Vowels = Space and Time. C’est Ushuaïa Hard-Core, une composition arrachée mais assez douce pour rentrer dans toutes les têtes, quelque chose en balancement entre le cri de douleur et la chanson d’amour. Elle a comprit l’essentiel en terme d’intention de ce qu’elle pouvait donner, et en connaissant son espace elle en joue d’autant mieux. Sur Circumambient on danse en chaussons de soie dans la boue d’une rave, dans une ambiance r’n’b rose qui sent la sueur chanmé, toujours au centre de cette assemblage d’une féminité forte qui s’affranchit de ce qu’on attend d’elle. Idem de Skin, qui monte, qui monte sans en faire trop.
Genesis et Oblivion pourront paraître complètement paramétrés aux quelques Haterz qui vomissent déjà sur les nanas qui composent en solo sur leurs ordis, mais bon moi ça m’embaume le coeur parce que je trouve ça à la fois drôle, sombre, bizarre, inventif, contemplatif et dansant.
Bien sûr c’est dans l’air du temps, mais je n’y concèderais rien de mon enthousiasme.
Je sais aussi que ça me parle parce qu’en temps que femme j’aime particulièrement l’idée qu’une gonzesse de 23 piges mette à l’amende des hordes de musicien mâles et mous du manque d’enjeux qu’ils placent dans leurs ambitions musicales.
Et voici le clip d’Oblivion
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