Un bluesman punk, REUNO le magistral gagnant.

Lofofora, une bête à concerts.

1996, j’ai 19 ans. Assis dans un vaste champ des Monts du Lyonnais, une bière tiède à la main et une clope à la bouche, j’attends nonchalamment pendant que la petite scène se prépare à la prestation du prochain groupe. Nous ne sommes que fin juin et la chaleur est en avance. Je relis le programme de ce « Festival Rock sous les étoiles » :

22h30 : Lofofora.

Ce groupe m’est encore inconnu. J’espère qu’ils vont assurer, en tout cas mieux que les précédents qui étaient mous comme des ventres à bière. Un grand mec en bermuda camouflage et en débardeur blanc monte sur scène et prend le micro. Le crâne entièrement rasé à l’exception d’une fine mais très longue tresse siégeant en son sommet, il ouvre grand ses yeux exorbités et hurle :

 « EST-CE QU’IL Y A ENCORE QUELQU’UN DE VIVANT ICI ??? »

C’est ma première rencontre avec Reuno, chanteur et parolier de Lofofora et très loin d’être la dernière. Le concert durera 1h30 et c’est ma plus grosse claque en live à ce jour, soit 24 ans plus tard.

2020, Reuno Wangermez a 54 ans mais plus de tresse et Lofofora, qui tourne toujours en a 31. Si la voix n’a que peu changé, celle d’un bluesman qui se transforme en gros bourrin le temps d’une chanson, la plume a bien évolué pendant toutes ces années. Acérée est le mot qui me vient à l’esprit. Acérée, précise, elle tape là où ça fait mal, comme là où ça chatouille, au gré des morceaux. De rengaines punks à des titres politiques et revendicatifs, en passant par des textes plus poétiques frôlant la chanson d’amour, l’écriture de Reuno est, à mon humble avis, le secret de la durée de vie du groupe. Ça et leurs prestas en live qui sont à chaque fois marquantes. Si l’album « Le fond et la forme » a ma préférence, leur discographie est plutôt cohérente. Et la sortie, en septembre dernier, du titre « mauvais œil » laisserait-elle présager un album pour 2021 ? Je croise les doigts…

En attendant, Reuno qui est un bourreau de travail, multiplie depuis des années les collaborations avec d’autres groupes. Il prête sa voix à « Mudweiser » et aux « Tambours du Bronx », il participe aux tournées du « Bal des Enragés », et depuis 2016, il est à l’initiative du projet « Madame Robert » dont le premier album est sorti en 2018. Ici son organe ne sort pas de sons gutturaux façon Lofo, mais retrouve son côté suave de bluesman. Je ne peux d’ailleurs résister à terminer cet article en vous faisant découvrir un clip écrit et tourné pendant le confinement « saison 1 ». Ecoutez de la musique, lisez des textes et prenez soin de vous et de vos proches.

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