Dans la famille des groupes qui offre une palette de couleurs noires je voudrais URGE. Tout droit sorti de la ville rose qui offre ce beau contraste colorimétrique, leur premier album « Here / After » est beau tout simplement. On a rencontré Simon Chaubard une des deux têtes pensantes à la base du groupe.
+ Vous êtes un quintet et « jeune » groupe en tant d’URGE mais pas en tant que musiciens puisque vous avez tous été dans des groupes différents de Kid Wise en passant par Bruit ≤ puis Plebeian Grandstand, M83… comme vous en êtes tous arrivés à vous retrouver autour de ce projet commun ?
Simon: Ce projet à démarré avec Adrien, le chanteur et moi. On fait de la musique ensemble depuis 19 ans maintenant dans Plebeian. On avait déjà fait de la pop indé il y a quelques années dans une formation qui est terminée aujourd’hui. C’était une envie de recomposer dans ce style là. Tous les deux on a recomposé une équipe. On a la chance d’avoir des amis extrêmement talentueux que ce soit Clément (Clement Libes « Bruit ≤« , « M83« …), Mathieu (Mathieu Félix « Orme« ) et Hugo (Hugo Dupuis « Las Aves« , « Good morning TV« ), c’est une grande famille. On a tous nos petits réseaux et de se retrouver ensemble pour faire de la musique c’est un réel plaisir et une facilité.
+ Comment tu caractériserais le son de URGE ?
Simon: Ça s’est fait assez naturellement, c’est un peu la musique qui est arrivée spontanément. Tu vois bizarrement je qualifierai notre son de pop triste pour que ça puisse parler à tout le monde. Venant des musiques extrêmes peut-être que je suis trop déformé par ça mais si tu veux poser des étiquettes on pourrait parler de post punk, c’est plutôt bien adapté, cold wave je suis pas sur qu’on le soit aussi bien que ça. Dark wave plus, je pense.
Le son de Urge est assez froid.
+ Votre premier disque « Here/after » vient tout juste de sortir, on va commencer par le commencement à savoir cette pochette, ce visuel glaçant et ce panneau de coté avec le nom du groupe etc etc comme un groupe des années 80. C’était quoi l’idée du masque blanc, ce panneau de coté, ce visuel glaçant ?
Simon: Ouais ce visuel est assez glaçant, tu peux trouver du sens dans les paroles des chansons. Cette mélancolie, ces introspections du quotidien, les choses avec lesquelles on lutte, avec lesquelles on doit faire avec, pas forcément les garder pour soi.
Les blessures mal refermées. Il y a les pires travers de l’humanité dans notre musique.
La psyché humaine est présente aussi.
Ce que je recherche dans l’art en général, peinture, littérature. Tu peux être un fan de batailles, de Soulages, et pour autant aimer plein d’autres choses beaucoup plus accessibles sans pour autant pouvoir te l’expliquer avec des mots. Ce coté introspectif que j’aime beaucoup.
+ Y a t-il un pessimisme ambiant dans URGE ? Ou justement vous posez un constat juste dans le monde dans lequel on vit. Je pense par exemple au titre « Desolated auguries » avec ce lip qui nous montre toute la noirceur du monde. Est ce que c’est quelque chose qui vous rassemble ?
Simon: Clairement oui (Rires). Même si une des voies de sortie, c’est que l’on n’est pas obligé d’accepter docilement l’avenir qui nous est destiné. On a un pessimisme certain sur le monde c’est indéniable.
+ Est ce que ça a été compliqué de vous retrouver tous ensemble ? Je pense à une certaine logistique, les plannings des uns et des autres.
Simon: Ce disque c’est le premier, c’est Adrien et moi qui l’avons construit avec les premières démos. C’est la suite avec l’arrivée des copains qu’on a su magnifier le truc. La partie facile pour répondre à ta question c’est qu’on avait bien bossé sur toutes les parties avant qu’ils arrivent et on a gagné pas mal de temps la dessus.
+ Un disque qui a été enregistré sur Toulouse ?
Simon: Oui tout à fait, au Capitol studio.
+ C’est Clément qui a bossé sur le mix et le reste ?
Simon: Bien sur ! C’est Clément qui a fait le disque de A à Z. Des prises instruments jusqu’au mix final.
+ Il a enchainé entre la tournée avec M83, Bruit ≤ et tout le travail avec URGE.
Simon: Tout à fait, c’est pour ça aussi qu’il y a cette petite latence avec ce disque. Au final ça a été bénéfique parce qu’il a eu du recul. Ce disque a été enregistré avant la tournée avec M83. Donc cette année et demi a eu l’effet d’une pause mais pas dans le mauvais sens. Lui aussi a énormément progressé sur tout point et ça n’a fait que rendre le disque encore meilleur.
+ URGE, c’est un projet que vous voulez rendre pérenne dans le temps ou c’était juste un one shot ?
Simon: Non c’est un groupe qu’on veut garder le plus longtemps possible. On a l’intention de faire d’autres disques et d’essayer d’exister du mieux qu’on peut.
+ La voix brumeuse mais chaude d’Adrien Broué contraste avec les sonorités plus froides de votre son très cold / dark wave. Comment vous avez travaillé votre son ?
Simon: Les oreilles et doigts magiques de Clément. Les prises voix combinées avec la voix d’Adrien. J’ai 0 compétence pour pouvoir vous l’expliquer mais la magie a opéré en studio clairement. On ne voulait pas une voix trop forte, trop devant. Je suis de l’école à « mettre la voix en retrait » façon shoegaze. Les autres plus de l’école « à la mettre très très devant ».
Il a fallu trouver ce juste équilibre pour le placement des voix.
+ Quel regard vous portez sur l’explosion du groupe toulousain Slift ?
Simon: Avec Plebeian on a eu la chance d’aller deux fois aux Us, en Russie, on a fait toute l’Europe. On veut rester dans le délire « L’art pour l’art ».
Ce qui est arrivé à Slift je le vise pas du tout mais si ça arrive un jour je serais même prêt à arrêter mon job pour ne faire que ça. Je relativise pas mal.
En fait je ne sais pas si ça nous arrivera mais si ça nous arrive on sera prêt à le faire. Je garde cette tête froide en me disant qu’on fait notre truc et on verra ce que ça donne.
+ C’est un album noir mais malgré tout ce n’est pas anxiogène, c’est un disque qui a sa part de lumière. C’était quoi les inspirations du moment pour la créa du disque ? Qu’est ce que vous avez écouté, lu, pour créer ce disque ?
Simon: Oh bah pour te citer quelques groupes, il y a eu les Cure bien sur, Interpol, Asylum party qui est un groupe de Poitiers des années 90, qui est un de mes groupes préférés. Ils faisait partis d’un mouvement appelé la « touch pop« . C’était à la mode en France et même reconnu à l’étranger. L’album « Borderline » est superbe.
+ C’est quoi la suite sur Urge ?
Simon: Essentiellement la tournée ! On attend que l’album sorte pour caller les dates.
1er album de URGE « Here/after »
Sorti le 15 novembre 2024 chez « Icy Cold records »
Toujours disponible