We need to talk about Kevin- « Yes, of course. »

We need to talk about Kevin , britannique 28 septembre 2011

Une voyageuse (Tilda Swinton) tombe amoureuse d’un homme. Ils ont un fils et devraient vivre dans le bonheur. Mais, dès le jour de sa naissance, la communication avec son enfant est difficile, voire impossible. Le jour de ses 16 ans, Kevin commet un acte irréparable. Deux ans plus tard, sa mère se remémore la relation avec son fils qui à conduit à ce jour fatal…

Habituée aux nominations et aux récompenses, Lynne Ramsay signe à nouveau avec son troisième long-métrage (pas encore récompensé, malgré six nominations) un film perfectionniste et touchant. Adapté du roman homonyme de Lionel Shriver, la réalisatrice en fait un film singulier dans son choix de montage et d’image qui plonge le spectateur au cœur du drame. La complexité du film et ses enjeux sont palpables grâce à un montage en puzzle, alternant entre les faits et les époques. Ce choix a pour effet d’entrainer le spectateur dans la fiction sans jamais le perdre malgré un choix de narration non linéaire. Tous les éléments narratifs, objets, et images, se mélangent et se répondent tout au long du film avec une véritable cohérence grâce à la constante présence du (fil) rouge. De ce film se dégage un chaos apparent qui n’est que le chamboulement intérieur de cette femme, magnifiquement interprétée par Tilda Swinton, lui donnant une force et une fragilité peu comparables. Le film se contente de peu de dialogues et sa force émerge du visuel, de la présence et du regard puissant de ses acteurs. La mise en scène sert le film mais le dessert aussi à force d’être trop ostentatoire, car Lynne Ramsay donne les éléments essentiels parfois avec trop d’insistance. Il en ressort un film condensé, tonique, mais aussi le regret d’un manque de finesse et de nuances dans le caractère des personnages mis en scène. Néanmoins, la réalisatrice va au-delà des clichés sur la maternité et en ouvrant la porte au pardon, elle s’attache avant tout aux sentiments humains et à leurs rapports, davantage qu’aux pseudos théories psychanalytiques. Elle s’intéresse à cette relation singulière entre une femme, son fils, ainsi qu’à la sphère qui les entoure. De cette relation se dégage une ambiguïté, des non dits, une forme de connivence ponctuée de coups de couteaux, des sentiments et de manques affectifs terrifiants.

Loin de ces thrillers incompréhensibles, la réalisatrice fait de ce livre un film dynamique, duquel se dégagent des sentiments profonds, ainsi qu’un univers angoissant et perturbant qui ne pourra vous laisser de marbre.

 

 

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