Youporn génération

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Vieux comme je suis, je me souviens de mes premiers émois érotiques.

Imaginez un monde sans internet où, pour voir le défendu, il fallait prendre son courage à 2 mains (2 sont nécessaires pour le coup) pour acheter un penthouse. Peu d’autres options étaient ouvertes à l’époque au prébubaire moyen. Il y avait tout de même le Minitel et la mystérieuse Ulla et parfois une VHS de porno explicite cachée chez les parents ou conservée tel un trésor par le cousin plus âgé.

En dehors de ces exemples, il était rare qu’on se retrouve spectateurs d’ébats pornographiques. Lorsqu’ils l’étaient, les ébats étaient largement moins hardcore qu’aujourd’hui. Vers 13/14 ans par ailleurs, nos fantasmes pouvaient aller de cat’s eyes à Bulma en passant par les cocos girls. De fait, accéder au porno étaient alors une expérience davantage chargée d’émotions et de curiosité qu’aujourd’hui.

Car aujourd’hui, c’est différent. On fait l’amour plus jeune et chargé de visions érotiques plus variées et plus explicites. Quels que soient les efforts des parents, un jeune ado peut aujourd’hui accéder, principalement grâce à Internet, à des scènes marquées par le fameux triptyque « pénétration vaginale et anale et l’happy end du cumshot ». Le sexe se fait souvent à plusieurs et l’on peut globalement trouver tous les fantasmes existants d’un coup de click ( à une main pour le coup).

Le débat est complexe de savoir si les ados d’aujourd’hui ne subissent pas trop rapidement des visions pornographiques inadaptées à leur sexualité. Qui peut se vanter – et pourquoi faudrait-il s’en vanter ? – d’avoir eu une première expérience ressemblant à une scène de Dorcel ? La question n’est pas morale. Tant que les protagonistes sont consentants et éclairés, ils peuvent faire ce qu’ils veulent. Mais ont-il raté quelque chose ? Je pense ici à une sexualité qui ressemble moins à une performance et laisse la place à une tendresse ou à une sensualité « normale » (même si ce terme ne veut pas dire grand chose …). Pour moi la réponse est oui.

Je pense aussi aux femmes. On sait à quel point elles subissent la dictature de l’image. C’est rarement dit mais ça vaut tout autant en matière de sexe. Ne se sentent-elles pas obligées de se livrer à des pratiques qu’internet leur impose dans un contexte où celles-ci sont largement dictées par les hommes ? Pour moi là encore, la réponse est sans doute oui.

Pour conclure, je pense que l’éducation sexuelle devrait inculquer aux ados que le principal organe sexuel est le cerveau et que la brouette thaïlandaise n’est pas forcément nécessaire pour atteindre l’orgasme. Sans doute le plaisir est-il encore un sujet tabou.

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