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par a girl called georges
Zelda vivait des jours à rallonge à la lueur du courage des autres. Elle attendait que ça l’éclabousse, que la joie sans objet se retrouve sur elle, comme un léger pollen soufflé par le vent.
Elle allait dans les bar de filles pour se rassurer de sa valeur sur le marché de la drague. Petite biche frêle, elle danse sur ses jambes et se laisse regarder comme un clip langoureux, elle se tortille en buvant sa bière, pour personne, pour tout le monde.
C’est comme ça qu’un soir elle a senti des bras l’entourer, un corps se coller à elle, envoyant des ondes érotiques indiscutables et ne laissant pas d’autre choix que celui de se jeter dans les vagues de plaisir que le corps félin de Sarah promettaient.
il n’y avait eu ni tendresse, ni précaution. Des bêtes qui se reniflent, se suivent et se mangent dans un lieu précaire, impersonnel et froid.
Dans un monde bienveillant, Sarah porterait la bague des dangereux prédateurs afin qu’on puisse s’en méfier. Elle ferait partie des femmes devant lesquelles la tendresse se glace et le coeur se cabre.
Zelda avait compris cela après quelques séances de baise. Elle était en présence de la fleur que tu ne peux pas cueillir, le chat que tu ne domestiqueras pas, la fille qui ne deviendra jamais ta peluche si ton rêve c’est de trouver à travers l’amour tout ce qui te creuse le ventre.
Tu ne peux rien reprocher à Sarah et aux filles dans son genre, parce qu’elles ne te promettent rien, prennent ce qu’il y a à prendre et si tu as brodé autour de leurs intentions l’ombre d’un amour fou, c’est toi la conne.
Quand elle se pointe quelque part, les regards se tournent vers elle, elle devient le centre de l’attention.
Le sexe entre elles avait été mécanique et sans protocole.
Zelda a voulu mettre un terme à cette histoire de cul parce qu’elle ne voulait pas se distraire de son deuil, elle voulait aller au bout de ce qu’elle avait commencé et revenir à la vie en temps voulu. Tout cela n’était que vanité, perte de temps.
Elles se voyaient dans l’appartement de Zelda pour parler de rien en buvant des vodiums, mélange de vodka et de valium qui assomme les instincts et empâte les bouches.
Ces visites avaient le mérite de distraire Zelda des efforts exigés par sa résurrection et Sarah se sentait bien avec une nana qui n’avait pas l’intention de partir en guerre contre sa liberté sauvage.
Une relation rassurante de part et d’autre. Zelda s’offrait le premier rang de cette comédie d’indépendance jouée par Sarah, avide d’une attention permanente pour valider ses postures de liberté qui cachaient en réalité un égoïsme brutal, l’incapacité maladive à donner, à se donner, à envisager les sentiments autrement que comme une guerre de territoire.
Sarah, c’est un corps agile, une peau claire, une silhouette fluette mais puissante. Sous son sein gauche, elle porte un tatouage assez frais, lettrage aéré qui donne à lire Cry, Baby, cry.
Comme un message pour toutes celles qui fomentent des plans pour harponner son affection.
Son attitude parle pour elle, elle ne transige pas sur son indépendance. C’est écrit noir sur blanc : Chiale, bébé, chiale, il n’y a pas de lendemain possible.
Chiale, bébé, chiale, nous ne serons jamais cette chose que tu as trop rapidement imaginé, tu ne présenteras pas la fille diaphane à ta mère, elle ne sera pas ton amour, ton coeur, la petite chose que tu rêves de mettre en cage.
Tu pourras pas la caler comme un bibelot dans le décor sirupeux que tu assumes comme étant ton idée de l’amour.
Zelda et Sarah étaient loin de toute prédation, elles apprenaient l’une de l’autre, le coeur brisé et le brise coeur, il était temps pour l’une de mettre un terme à ses rêveries sentimentales et de substituer la confiance à la confusion permanente, et pour l’autre, d’aplanir la rudesse de ses aspirations, la violence de son autonomie.
Leur amitié était une leçon, la rencontre improbable entre le tendre et l’acide, comme elles étaient toutes deux lancées vers la même direction, elles décidèrent d’aller ensemble à Tabula Rasa.