On les savait fous, mais pas à ce point-là. Balming Tiger, collectif sud-coréen à l’avant-garde d’un hip-hop mutant et conceptuel, sort un single en collaboration avec ATARASHII GAKKO!, le quatuor japonais connu pour son énergie punk, ses uniformes scolaires et sa volonté assumée de foutre en l’air les standards J-pop. Résultat ? Un morceau d’une étrangeté irrésistible : “나란히 나란히 (Narani Narani)”, soit “côte à côte”, en coréen, mais ici, on avance en crabe, on saute en rythme, et on rigole très fort.
‘Narani Narani’ : Balming Tiger et ATARASHII GAKKO! cassent la cadence avec un OVNI foutraque et contagieux
Le morceau est une explosion de genre, une chorégraphie pour garnements dopés à l’absurde. Beat glitché, flûtes synthétiques qui sortent d’un vieux jeu Game Boy, flow mi-chanté mi-aboyé, refrains scandés en chœur comme un hymne de cour de récréation… tout dans “Narani Narani” respire l’anti-conformisme joyeux. On pense à PC Music, à 100 gecs, à l’esprit foutraque d’un cartoon qui aurait mangé trop de wasabi.
Le clip, bien sûr, est à l’avenant : costumes absurdes, esthétique VHS-kawaii, scènes absurdes où les membres des deux groupes défilent dans un monde parallèle aux couleurs saturées et aux codes inversés. Ça court, ça grimace, ça saute, ça fout le bordel, mais avec une précision chorégraphique qui force le respect. On est quelque part entre la satire pop culture, la performance d’art contemporain, et un manifeste de liberté totale.
“Narani Narani” n’est pas un tube au sens classique. C’est un virus auditif, une célébration de l’étrange, un pied de nez aux stéréotypes genrés et genrés de la K-pop comme de la J-pop. C’est aussi une preuve supplémentaire que Balming Tiger est l’un des collectifs les plus passionnants d’Asie, toujours prompt à exploser les frontières culturelles, musicales et visuelles.
Alors on marche côte à côte, mais pas au pas. On se dandine. On s’écarte. Et surtout, on rigole fort.