Broadway, un roman de Fabrice Caro

Brodway, comédie douce-amère hilarante de l’excellent Fabrice Caro.

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Bonjour et bienvenue dans « un dernier livre avant l’apocalypse nucléaire », la chronique littéraire bimensuelle pour bien choisir ses lectures en attendant la mort dans d’atroces souffrances.   

L’apocalypse nucléaire arrive et vous ne savez plus quoi lire ?

La Biélorussie accueille des missiles russes, et vous êtes en quête d’un bon bouquin ?

Les démonstrations militaires chinoises envers Taïwan se multiplient, et vous ressentez le besoin d’une lecture solide, puissante, et réconfortante ?

Pas de panique, nous sommes là pour ça. Cette semaine : Broadway de Fabrice Caro.

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Broadway raconte l’histoire d’un homme de quarante-six ans qui reçoit une enveloppe de dépistage pour le cancer colorectal qu’il aurait normalement dû recevoir après cinquante ans.

C’est l’intrigue du troisième roman de (suspense : ) Fabrice Caro. (Mais honnêtement qui d’autre … ?)

Certains esprits chafouins vous diront que c’est assez faible comme synopsis, gnagnagagna, que ça ne suffit pas pour faire un roman, gnagnagagna, qu’il a déjà tout dit dans le Discours, gnagnagagna. Tant pis pour eux : ils ne savent pas ce qui est bon.

Le saviez-vous ? aussi surprenant et obscur que cela puisse paraître, Fabrice Caro n’est autre que le pseudonyme que l’auteur de bandes dessinées Fabcaro utilise quand il écrit des romans.

fabrice caro souriant au festival Le Livre à Metz

Mais pourquoi faire un roman plutôt qu’une BD ? Probablement pour le plaisir de varier les exercices de récits, pour s’amuser avec un autre format d’écriture, et pour s’affranchir de la sacro-sainte contrainte d’un gag à chaque page propre au neuvième art.

(Sans doute aussi parce que Fabrice Caro est un auteur hyper-productif qui comble ses angoisses du temps qui passe et sa peur de mourir avant d’avoir tout dit en noircissant des pages et des pages à n’en plus finir, mais peut-être que je me projette un peu trop).

Broadway fait généralement figure de mal aimé dans la bibliographie de Fabrice Caro ( ?? Cet article ne cite pas suffisamment ces sources). Pourtant, on y retrouve tout ce qui fait le sel de son œuvre :

– L’irrationalité des relations humaines et de leurs conventions

– L’irruption de digressions absurdes à partir de la banalité du quotidien

– L’intervention de running gags hilarants

– L’explosion de fou rires à haute voix

À tout cela s’ajoute une forme de mélancolie et de déprime sous-jacente qui sont cohérentes par rapport à l’ensemble de son œuvre.

Il en résulte un récit doux-amer écrit sous la forme d’un monologue paranoïaque et délirant. Le protagoniste subit de plein fouet un « léger » passage à vide, une crise de la quarantaine bien tassée qui affecte son quotidien, son couple et ses relations (enfants, voisins, amis, collègues…) et le fait s’interroger sur le sens de sa vie.

Personnellement je me suis beaucoup trop reconnu dans le personnage principal, c’est presque flippant (comment l’auteur sait-il autant de choses sur moi ?). Pensez-y au moment de l’acheter : pour le même prix vous aurez un excellent roman, et une biographie fantasmée de Zantrop.

En plus d’être agréable, drôle, et réjouissant, lire Fabrice Caro est rassurant finalement : on est beaucoup moins seuls qu’on ne le pense à se poser ce genre de questions dans la vie.

Un livre à lire avant l’Apocalypse nucléaire ; mais tardez pas trop à le commencer quand même…

Couverture du roman Orange à motif avec un bandeau "un roman jubilatoire" orange
Broadway, un roman de Fabrice Caro

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Broadway, Fabrice Caro, Editions Gallimard, Collection Sygne, 2020

Allez l’acheter chez votre libraire du village. Et s’il n’y a plus de librairie, c’est simple : ouvrez-en une.

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