Broken City : Polar ConfidentiAl

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Un énième polar ? En tout cas une recette connue : le détective, la femme fatale comme les chantait le Velvet Underground, le maire à poigne luttant pour sa place en s’appuyant sur les gros bras de la Police – ses héros à la morale expéditive nettoyant les rues du Crime et des Criminels dans un déluge de violence ‘juste’ comme la colère de Dieu. On a vu de grands films sur ces thèmes ; on a vu des navets. On aborde donc Broken City avec une certaine angoisse, que la présence de Mark Wahlberg, Russell Crowe et même Catherine Zeta-Jones au générique ne parvient pas à dissiper au premier abord. Voyons voir…

Une fois le casting listé, on sait à quoi s’attendre ; du moins on peut légitimement croire à un jeu convaincant de la part des principaux protagonistes – à moins d’un scandale ou d’un contre-emploi total. On en reparlera. Les seconds couteaux – Barry Pepper, Kyle Chandler, James Ransone entre autres – ont fait les beaux jours des bonnes séries des années 90 à 2000 (en vrac : The Kennedys, The Wire, …même Demain à la Une, tiens). On évolue en terrain connu, un peu comme on verrait une nouvelle pièce par une troupe qu’on connaît, on distribue la confiance en fonction. La distribution a été ciselée pour qu’on y croie, déjà ; les ingrédients d’un succès…ou d’un ‘flop’. Repensons au calamiteux ‘Dahlia Noir’.

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Le scénario ? Nébuleux. Tout ça commence sur un procès, et se termine sur la promesse un autre. Entre les deux, une machination obscure qui commence comme une enquête classique sur l’adultère de la femme d’un politicien ; Billy Taggart/Mark Wahlberg est un pion qui fait son job de policier de base pour racheter sa disgrâce, non sans percevoir dans l’ombre les gros doigts manipulateur de son maire de patron (un Russel Crowe monolithique et brutal qui se rapprocherait assez du Nick Nolte de ‘Gangster Squad‘, assumons la comparaison). Mais qu’importe, il a sa rédemption à payer, il rachète son âme de héros qu’on flatte en privé mais qu’on crucifie en première page pour ne pas laisser de traces sales sur les contrats. Commerciaux, politiques ou cinématographiques. Le film a ça d’intéressant, il est ambitieux même s’il reste plutôt timoré. Il aborde sans avoir l’air d’y toucher un peu tout ; on voit passer au fond de l’image des références clin-d’œil, de JFK dans un cadre au Gekko du ‘Wall Street‘ d’Oliver Stone… Et le racisme, et les brutalités policières, et la corruption, bref, tout ce qui fait l’univers glauque des films de flics. Un peu d’humour même, parfois, rien de réellement comique heureusement. On y croit, finalement ; Tucker n’est pas Ellroy certainement, mais il arrive au moins à utiliser tous les aspects classiques du genre pour densifier son intrigue et la garder vivante. Il en ressort qu’on ne s’ennuie pas devant Broken City ; on devine la suite, on reconnaît les ficelles mais tissées sur une trame qui se tient et contient quand même quelques surprises et de très bonnes idées.

(Au passage, bon point au doublage français qui se rallie à la récente habitude de ne plus édulcorer les dialogues très crus de la VO, on note aussi ça dans pas mal de séries et ça fait du bien !)

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Que reste-t-il de Broken City, finalement, quand les lumières se rallument ? Pas forcément un film flamboyant ; Zeta-Jones tourne en sous-régime, Crowe nous sert un personnage pas toujours crédible, un peu surfait et sans imagination – à croire qu’il n’est pas fait pour les rôles de penseur mais pour ceux du cogneur éternel, la brute justicière qui faisait merveille dans L.A. Confidential. Wahlberg incarne son rôle en habitué du genre, sans dérapage et sans excès. Une histoire qui se tient, des personnages qui font le job mais sans sortir du lot : Broken City c’est une copie qui vaut la moyenne, peut-être pas les félicitations du jury – il manque la prise de risques et le brio – mais je crois qu’on a vu bien pire, et on en ressort pas sur sa faim. C’est bien fait, c’est bien ficelé, quoi, mais c’est timide. Très timide.

La bande-annonce :

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