[Critique] « Wild Men », les bêtes du nord sauvage

Tu en as déjà marre de la rentrée qui approche ? Qu’à cela ne tienne : Wild Men t’invite à tout plaquer pour jouer les Pierrafeu dans la montagne norvégienne.

Musa (Zaki Youssef) est un dealer à la petite semaine et, même s’il en a vu d’autres, il ne s’attendait certainement pas à tomber sur un Cro-Magnon en pleine forêt. L’homme pré-hystérique en peaux de bêtes se nomme Martin (Rasmus Bjerg), et si lui aussi a quitté Copenhague pour se balader dans les bois du pays voisin, ce n’est pas pour les mêmes raisons que Musa. Leur buddy movie se fait mélancolique, puis tourne au thriller quand la famille de Martin et les flics partent aux trousses de nos deux clampins.

Musa (Zaki Youssef) dans "Wild Men"
Musa (Zaki Youssef)

Pour son premier film sorti chez nous, le réalisateur/scénariste Thomas Daneskov utilise une bonne dose d’humour nordique à froid.

Ce cinéaste autodidacte de 33 ans fait preuve d’une vraie maîtrise du cadre et du dialogue. Les deux comédiens principaux sont également excellents. L’ensemble souffre hélas de quelques conventions et a du mal à retomber sur ses pattes, mais les questions qu’il pose et la manière dont il les amène restent percutantes.

Martin (Rasmus Bjerg) dans "Wild Men"
Martin (Rasmus Bjerg)

Impossible de rester de marbre devant cette épopée improbable où Martin déambule, vêtu comme un viking mais incapable de se séparer de son smartphone.

Beaucoup de films ont abordé la « crise de la quarantaine » mais peu avec un angle aussi décalé. Le réalisateur projette également ses interrogations sur le couple grâce au personnage de la femme de Martin (Sofie Gråbøl) hélas sous-exploité, laissant imaginer ce que le même film du point de vue « charge mentale féminine » aurait donné.

Wild Men nous amène aussi à réfléchir sur l’usage de la force, quand on est violent pour se défendre d’un monde qui l’est tout autant. Coïncidence hallucinante : il y a quelques mois un Danois a été accusé d’avoir tué cinq Norvégiens avec un arc et des flèches. La promotion de Wild Men fut édulcorée suite à ce fait divers.

wild men

Après le triomphe de Drunk où quatre amis danois mettaient à l’épreuve la théorie alcoolisée d’un psychiatre norvégien, on retrouve ici un nouveau dialogue entre ces deux pays, avec une même bande d’anti-héros attachants. Le Danemark est bien un pays intrigant plein de cinéastes remuants : Thomas Vinterberg, Lars von Trier, Nicolas Winding Refn… et donc ce Thomas Daneskov à qui vous pouvez rendre visite en salles pour finir les vacances. Mais pas sûr qu’il vous réponde, il est peut-être déjà parti en vadrouille donc c’est à vous d’aller le rejoindre dans les bois.

Wild Men sort au cinéma le 24 août.

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