Peu d’auteurs ne connaissent mieux l’univers des services de renseignement que Marc Dugain. En effet, son père était coopérateur international, un grand titre pour nommer un métier opaque dans un univers professionnel qui ne l’est pas moins. Ecrivain à succès depuis 25 ans et la parution de son premier livre « La chambre des officiers », il nous revient avec un roman d’espionnage pur jus intitulé « Paysages trompeurs ». Je l’ai lu ce week-end et je vous en parle maintenant.
Alors, vous prenez 2 journalistes d’investigations qui meurent accidentellement à quelques mois d’intervalle, un militaire des services du renseignement français qui s’évapore dans la nature après une opération de récupération d’otages ratée, un producteur de documentaires qui est en fait un espion, une psychologue qui bosse pour le Mossad, Donald Trump et des narcotrafiquants. Vous les faites agir de la Somalie au Groenland, en passant par le Maroc, la France et l’Islande et vous avez un parfait roman d’espionnage sur fond de géopolitique internationale.
En fait oui mais pas tout à fait. Je m’explique. La première partie de l’histoire est une mise en place appétissante des protagonistes et des faits. C’est la dernière moitié du roman qui me pose problème. Les choses s’accélèrent brusquement. Les situations ne sont plus aussi fouillées, Marc Dugain passe sur des pans complets de l’intrigue avec une rapidité décevante. Un peu comme s’il était pressé de finir son bouquin pour en démarrer un autre. Je suis resté sur ma faim. Et puis trop de trahisons tuent la trahison. Chez les espions décrits par l’auteur, on change plus souvent de vestes que dans les bureaux de l’Assemblée Nationale…
Marc Dugain reste pour moi, malgré tout, un écrivain qui compte dans le cercle fermé des romanciers d’espionnage. Son livre « La Malédiction d’Edgar » reste un chef-d’œuvre du genre. Malheureusement, dans « Paysages trompeurs », j’ai du mal à le placer à la hauteur de John le Carré ou de Tom Clancy. Mais on lui pardonnera de bon cœur car après tout, qui peut prétendre être très bon à chaque fois, dans tout ce qu’il entreprend ? Pas moi déjà. Et vous ?