A l’occasion de leur résidence à Paloma, la SMAC de Nîmes, le groupe lyonnais Vipères sucrées salées se livrait au jeu de l’interview. L’occasion pour nous d’en savoir un peu plus sur ces reptiles au sang froid.
+ Bonjour le groupe vous êtes un trio ? Quatuor ?
Axel: Trio ! Anthony est notre sondier.
+ Vous êtes lyonnais, le premier EP est sorti en mars dernier, première question, comment ça va depuis la sortie ?
Axel: Super bien, on a sorti l’EP avec de très bonnes surprises en relai au niveau médias. Tout s’est bien imbriqué pour nous. En tout cas ça a permis de lancer vraiment le projet, de se faire identifier dans un premier temps sur la scène lyonnaise et un petit peu en dehors parce qu’on a fait une belle tournée derrière.
Depuis tout se passe bien, on enchaine des concerts sur la fin de l’année, cette résidence à Paloma pour travailler le set.
On s’est entouré aussi de Sanguine en producteur de spectacle et Konsato en booking.
On commence à se développer tranquillement.
+ Est ce que c’est plus simple d’être maintenant accompagnés ?
Axel: Ça nous fait un poids en moins et ça nous permet de vraiment nous concentrer sur la musique et la création plutôt que de passer du temps à chercher des dates ce qui prend énormément de temps et d’énergie. On retrouve vraiment cette casquette d’artiste et on peut vraiment se consacrer qu’a ça.
+ Vous faites une musique qui mélange cold wave et post punk, comment vous qualifieriez votre son ?
Mattis: Effectivement c’est un mélange de musique électronique de plus en plus maintenant, avec du post-punk, de la new wave. Aujourd’hui on tend vers quelque chose peut être d’un peu plus rock et électronique on va dire.
Pour définir un style vraiment, je ne saurais pas trop te dire. On pourra toujours rajouter des adjectifs, “dark”, ce genre de choses mais en réalité on lorgne plus vers le post-punk.
+ Plutôt ancienne ou nouvelle génération post-punk dans ce que vous écoutez ?
Mattis: Plutôt nouvelle je pense par l’apport électronique, des machines…
C’est vrai qu’on travaille aussi avec des boites à rythmes, donc il y a moins ce coté rock, punk. J’ai l’impression que c’est post post-punk !
Il y a un petit revival aussi depuis quelques années notamment de la part de groupes français qui commence à bien tourner sur la scène nationale. Ça donne envie à des artistes qui chantent en français de se tourner vers ce style là.
On s’inscrit un peu dans cette mouvance de renouveau post-punk sans dire qu’on a relancé ça.
+ Il y a un groupe, “Gwendoline”, qui qualifie sa musique de “Shlagwave” est ce que ça vous parle ?
(Rires)
Mattis: Pas du tout ! Je pense que c’est plus une esthétique. Une image pour donner sur les réseaux plutôt que de parler de style musical à proprement parler. La “Shlagwave” n’existe pas en temps que tel.
En tout cas on ne se définit pas comme ça. Je pense qu’ils sont surtout “Shlag” par rapport à leurs textes, le coté désabusé de la jeunesse, le PMU, les mobs… C’est bien fait mais ce n’est pas ça qu’on veut défendre.
Je ne pense pas qu’on soit dans le même registre par rapport aux paroles notamment.
+ Votre nom de groupe est partie d’un délire en Pierre Martin, auteur de polar quimpérois ! vous nous racontez ?
Mattis: J’étais avec un ami avec qui on a monté le projet il y a 3 ans. On est allé voir des potes sur l’île de Batz. Le cadre était beau, on se promenait et on inventait un peu des nouvelles créatures. Un petit délire. On disait: “Imagine là il y a un singe fluorescent à bras sandwichs qui débarque” et ainsi de suite.
J’ai sorti: “Fait gaffe il y a des vipères sucrées salées”.
Quelques jours plus tard on commence à faire des compos et monter ce projet qui était un peu différent de ce que tu peux écouter maintenant.
Le nom s’est imposer un peu à lui même, ça sonnait bien.
On voulait quelque chose en français, un peu délire.
+ Comme un nouveau Pokemon !
Mattis: C’était un peu l’idée, ouais.
+ On parlait de Gwendoline et les textes un peu désabusés, il y a chez vous un coté dansant dans vos textes qui invite à bouger, une sorte de diction particulière. Est ce que c’est vers ça que vous voulez allez ?
Mattis: Hum ça dépend vraiment des textes. Parfois il y a des choses bien plus sérieuses. Ça peut concerner des amis, mon histoire personnelle. Après le coté dansant se retrouve surtout sur les prods je pense. Je pense notamment à “Chicken” , il y a ce coté un peu techno.
Les mots vont accentuer ce coté dansant, répétitif, hypnotique.
Mais ça peut être aussi l’inverse comme sur “Le coeur et les lumières” ou c’est plus déclamé. Je raconte une histoire, il y a moins de rythme. Le coté poétique prend le dessus sur ces moments.
+ Anthony, je rebondis, tu parlais de techno. C’est quelque chose qui est important dans l’ADN du groupe ?
Baptiste: A titre personnel oui. J’étais pas mal influencé par cette musique.
Ce groupe est un mélange de deux mondes au final. Le coté techno, électro pour voir un peu plus vaste et la musique acoustique plus ancrée rock avec les guitares.
+ Coté son, j’entends du “Molchat Doma”, “Rendez-vous”, ou encore “Flavien Berger”. C’est des groupes qui vous parlent ? QU’est ce qui vous influencent au quotidien ?
Axel: C’est vrai que ces 3 groupes sont cool. (Rires).
J’ai eu une période avec Mattis ou j’écoutais beaucoup de musique russe. Molchat Doma oui, mais aussi d’autres groupes qui sont dans cette veine là qui nous ont pas mal influencé dans le son et la manière de produire. Ce coté un peu froid, très sec… Il y avait une compile aussi en français de Paris des années 80 qui s’appelait “Ces gens modernes” avec plein de groupes dont je ne me souviens plus des noms mais qui évoluaient dans ces esthétiques là.
Le premier Ep sonnait comme ça.
Maintenant on à d’autres titres ou on intègre plus de mélodies, des ballades, des choses comme ça. Toujours en gardant ce truc un peu “fucké” mais en s’éloignant du cadre post-punk traditionnel russe ou biélorusse qu’on évoquait.
Après j’écoute plein de choses, de la folk notamment.
Mattis: Pour l’écriture du “Coeur et les lumières” je leur ai soumis l’idée d’enlever tout ce qui est superflu, faire un piano voix, pour vraiment se concentrer sur l’harmonie, voir si ça marche.
Et si c’est le cas après tu peux rajouter ce que tu veux et normalement ça sonne bien si c’est bien produit etc etc…
Pour le songwritting, la folk a une place importante.
+ Le chant en français c’était une évidence ?
Mattis: Oui parce que je ne suis pas légitime de chanter en anglais même d’écrire. Je maitrise plus l’espagnol que l’anglais mais l’espagnol dans le rock.. Ils le font très bien mais c’est plus culturel je pense.
Pour le français, il y avait aussi cette envie de se mettre à nue pour les textes. Etre plus précis dans l’interprétation, moins se concentrer sur l’accent. Il y avait un coté plus honnête aussi. Le coté militant sur certains points de vue, sur la vie, les émotions. J’arrive à être plus juste, plus net, l’aspect des métaphores, les figures de styles, c’est plus facile parce que c’est ma langue natale.
Parfois être plus direct, plus violent et d’autres pouvoir contourner par plus de poésie. Ça laisse une marge de manœuvre plus grande.
+ Le français a longtemps été mis de coté, il revient depuis quelques années.
Mattis: Je pense que le rock des années 2000 / 2010 a fait beaucoup de mal. Tout le monde s’inscrivait dans l’anglais parce que c’était comme ça. C’est dommage parce qu’on perdait en authenticité. C’est rare d’avoir un groupe français qui chante très bien en anglais.
On tombe un peu trop souvent dans des banalités et c’est dommage parce que l’instru peut être trop bien mais si le chant ne colle pas, par l’accent ou autre, je décroche vite.
L’anglais reste “easy listening” dans l’idée. Je suis content qu’on revienne au français.
+ Il y a cette typo gothique sur votre nom. D’ou est venue l’idée ?
Mattis: C’est une émie de Rennes qui s’appelle Manon. Elle a réalisé le clip d'”Artère crocodile”. Elle nous a fait ça rapidement, on trouvait ça cool et on s’y attendait pas du tout.
Sur le premier clip qui est en noir et blanc y’a vipères sucrées salées qui ressort en gothique rose je crois. Ça marche très bien.
On nous a fait de bonnes réflexions sur ça. Pourquoi changer si ça fonctionne.
+ Vous êtes en résidence à Paloma depuis quelques jours, comment ça se passe ? Est ce qu’il y a de nouveaux sons en préparation , Un nouvel Ep ?
Baptiste: Le deuxième Ep est sur le feu. Il devrait arriver prochainement. La résidence de Paloma est faite pour bosser le set live mais aussi pour travailler de nouveaux morceaux qui seront présents sur le prochain Ep.
Axel: On a des singles qui vont arriver bientôt. On va en sortir un d’ici la fin de l’année. Le prochain Ep devrait arriver avant l’été 2024.
Cette résidence nous permet de prendre le temps de travailler le son, on est bien lotis. La salle est super. On règle tous les petits détails qu’on n’avait pas eu le temps de faire depuis qu’on tourne. C’est idéal.
+ Les prochaines dates ?
Axel: On va refaire deux dates à Lyon fin octobre dont une au Sonic. Puis une autre à Chambéry. Le 03 novembre on sera à Gap. On peaufine une mini tournée. Il y aura plus de choses pour 2024.
“VIPERES SUCRÉES SALÉES” 1er Ep toujours disponible.