SEWER RATS est un trio anglais dont le Stoner rapide et brut de fonderie est souvent comparé à MÖTÖRHEAD. C’est la solution de facilité, une chanson évoque le Speed Metal de Lemmy, paf, tous les chroniqueurs s’engouffrent dans la brèche et glosent sur le sujet. Il est vrai qu’il n’y a pas grand chose à raconter sur ce jeune groupe qui diffuse chichement de l’informations sur une page facebook anémique mais en creusant un peu, on trouve quand même de quoi parler du gang sans le comparer à son glorieux compatriote
Rien ne ressemble plus à une page facebook de jeune groupe qu’une autre page facebook de jeune groupe : une poignée de photos floues, l’éternel lien vers le compte instagram (d’autres photos floues), quelques avis dithyrambiques de fans, de rares news et des liens vers une poignée de chroniques de leur dernier EP. C’est dans la section des vidéos qu’il y a le plus de matière. C’est aussi par ce média que vous êtes confronté pour la première fois à l’essence même des rats d’égout : leur musique.
La création de SEWER RATS est organique, viscérale et crade. Les clips réalisés pour illustrer les morceaux de leur debut EP sont à l’avenant. La répet dans le local de “Skinkt” est plus révélatrice que mille bios frelatées : le power trio y livre une musique qui sort des tripes, avec une saturation extrême sur les grattes, une batterie juste à sa place (y compris dans le mixage qui ne la met ni trop en avant, ni trop en retrait), une sensation d’urgence et de spontanéité à la fois. En essayant de faire de la mise en scène avec des effets clipesques moisis, les autres vidéos perdent ce côté brut de fonderie qui fait le charme de “Skinkt”. Maintenant que nous cernons mieux le gang, il est de toute façon temps de passer à la découverte de son dernier rejeton, l’EP Mother Acid.
Sorti fin 2016, c’est la quatrième publication du trio. Elle fait suite à deux démos : Black Label Serotonin et Twisted Love parues en 2014 et leur debut EP, Money Maker datant de mars 2015. Le combo a commencé sa carrière avec un Stoner parcouru de trépidations de Punk pour l’agressivité et la spontanéité. Il s’oriente de plus en plus vers cette voie, comme l’attestent les cinq brulôts de ce dernier effort. Les influences des premières expérimentations disparaissent et laissent la place à une musique rèche, primale et violente. “Mother Acid”, le morceau titre, est la création la plus réussie. C’est agressif, rapide et méchant et pour être tout à fait honnête, il y a bien un peu de MÖTÖRHEAD dans l’idée. La musique ne fait pas de quartiers. Amplis poussés à fonds, guitare et basse saturées, batterie en léger retrait, chant enragé qui éructe des paroles un brin répétitives, comme s’il y avait trois fois plus de refrains que de couplets. L’essentiel n’est de toute manière pas dans la mélodie mais dans l’impression d’urgence. Hélas, si l’urgence et le climat violent se retrouvent dans la suite de la tracklist, les autres pistes de la galette souffrent d’un mixage vraiment immonde. La guitare et la basse sont poussées tellement fort que la bouillie sonore fait pleurer les oreilles. Difficile à un tel stade de saturation d’apprécier quoi que ce soit, puisque batterie, chant et toute tentative de faire sonner la guitare un peu harmonieusement (comme ce petit solo sur “I Need You To Know”) sont noyés sous le magma bruitiste.
Au regard des autres productions de SEWER RATS, il ne fait aucun doute que ce son crade ne doive rien au hasard, le trio cherchant sans doutes à rester fidèle à l’esprit de ses concerts. Tant mieux pour vous si vous avez déjà vu, entendu et apprécié le gang sur les planches. Dans le cas contraire, l’écoute de Mother Acid risque surtout de provoquer une crise d’acouphènes et une migraine carabinée.