“I am a killer”, conversations aux portes de l’enfer.

La saison 3 de la série documentaire Netflix « I am a killer » est sortie il y a moins d’un mois et je me suis enfin décidé à vous en parler. Je la suis depuis le tout premier épisode paru en 2018 en France et j’avoue que je suis accro. Je n’avais jamais voulu écrire à son propos, de peur que l’on dise « ouais encore des reportages à la « faites entrer l’accusé », comme on en voit partout maintenant sur Discovery, NRJ 12 ou RMC Story… ». C’est vrai que les passionnés de faits divers, les fascinés des tueurs en série, n’ont que l’embarras du choix pour satisfaire leur curiosité. Mais je ne connais aucune émission aussi passionnante que « I am a killer » et je vais tenter de vous convaincre de la regarder.

La première chose à souligner, au risque de peut-être me répéter, c’est que Netflix a beau être réputé pour ses séries, ce sont ses documentaires qui me scotchent le plus. Pour exemples, je ne citerai que « The Last Dance », « The Andy Warhol Diaries » et « Woodstock 99 », 3 perles de docus, la crème de la crème du summum du haut du panier. On peut reprocher beaucoup de choses à Netflix, mais ils savent s’y prendre, notamment parce qu’ils y mettent le prix. La réalisation, la photo, l’ambiance sonore, tout est toujours au-dessus du lot. Et « I am a killer » n’échappe pas à cette règle.

« Le meurtre est l’ultime échec de la parole. »

Jean-Michel Bessette

James Robertson
James Robertson

Chaque épisode nous présente un détenu américain qui attend son exécution dans le couloir de la mort. Celui-ci nous parle de son crime, nous donne sa version des faits, face caméra. Ensuite, ce sont les témoins qui sont interviewés. Famille de la victime, famille du criminel, enquêteurs, médecins légistes, jurés, avocats, journalistes, etc… Une fois ces déclarations enregistrées, elles sont présentées au condamné à mort. Celui-ci les approuve ou les conteste, les commente, et retrace le chemin qui l’a amené à commettre des atrocités, à la lumière de ce que nous ont appris les différents témoignages.

Cette série documentaire donne la part belle à l’humain. J’entends par là qu’elle n’abuse pas des images choquantes ou des reconstitutions violentes. C’est la parole des uns et des autres qui est prépondérante et qui nous permet de nous faire notre opinion. Souvent, nous pouvons trouver la sentence logique, même si la peine de mort est pour moi une aberration quoi qu’il en soit ; mais parfois aussi, pour des circonstances très particulières, nous éprouvons de la compassion pour le coupable. C’est très troublant, cela nous amène à nous interroger sur nos propres convictions, notre perception de la justice.

Lindsay Haugen
Lindsay Haugen

« On n’a pas le droit de tuer quelqu’un. Assassiner un assassin, c’est toujours assassiner. »

François Morel

La violence de la société américaine est ici pointée du doigt. Et je ne parle pas seulement de la violence des tueurs, je parle du fait que le port d’armes soit légal, que la peine capitale ait toujours cours en 2022, que les verdicts soient si différents en fonction de l’origine ethnique du prévenu. La façon dont fonctionne la justice américaine est vraiment problématique et cela transpire dans ces reportages. C’est le constat le plus prégnant qui ressort après le visionnage des 26 épisodes qui composent les 3 saisons de cette série documentaire passionnantes.

J’avoue qu’à l’origine, ce qui m’a attiré vers « I am a killer » c’est ma soif de comprendre, mon envie de rentrer dans la tête d’un tueur et d’assimiler les différents mécanismes qui l’ont entrainé à commettre l’irréparable. Au final, on se rend compte que chaque cas est unique et qu’il est impossible d’en tirer des conclusions définitives. La violence aux Etats-Unis gangrène toutes les strates de la société, de par sa constitution et sa législation. Les inégalités flagrantes, dans bien des domaines, sont souvent le coup de vent qui déclenche l’avalanche de l’horreur. Et puis il y aura toujours la passion, l’amour comme antichambre de la haine, parce que l’être humain restera perpétuellement faible comme un être humain.

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