La douceur de l’enfance

manege

Les plus beaux souvenirs d’enfance laissent un goût étrange dans la bouche. Certains sont écoeurés, d’autres ne peuvent s’empêcher de sourire en évoquant ces mémoires.

Les vacances chez les grands-parents. Une maison à la campagne, de quoi faire une cabane, jouer au foot, dégommer les rosiers, manger les petits plats de mamie. Aller à la pêche avec papi, tôt le matin. Ne pas attraper de poisson, mais entendre quand même son grand-père dire “je suis très fier de toi”.

Les quelques mètres carrés de verdure, en bas de l’immeuble. Un bac à sable, deux balançoires, pas de quoi casser trois pattes à un canard. Pourtant, lorsqu’on est enfant, cet espace semble être le plus grand terrain de jeu au monde.

L’enfance, c’est cinq sens.

D’abord le goût, celui du casse-croûte de cinq heures trente, après l’école. Un verre de lait. Du Coca pour les plus chanceux. Et des gâteaux. Des cookies.

L’ouïe joue aussi. L’enfance peut avoir plusieurs sons. Ceux qui se souviennent du générique de Pokémon, des Totally Spies, Power Rangers, et Denver, le dernier dinosaure. On se souvient aussi des sermons, toujours conjugués à l’impératif : “range”, “mange”, “touche pas”, “viens là”, “dis bonjour”.

L’odorat. Le parfum de maman, le parfum de papa, le parfum de mamie, de papi. Ce qu’on appelle “l’odeur de vieux”. Le parfum de la tarte aux pommes. L’odeur du talc. Du plastique. Des premiers parfums, Pom d’Api et Eau Jeune.

La vue. Lorsqu’on est petit, tout paraît grand, immense, démesuré. Exagéré. Papa a l’air d’un géant. Le jardin a des allures de labyrinthe dans Alice au pays des Merveilles. Les feux d’artifice ressemblent à des météorites qui explosent.

Et pour terminer, le toucher. La rigidité des jouets que l’on cherche toujours à tordre ou à démonter. Le doudou. Les peluches et le chat, d’ailleurs on ne sait pas trop faire la différence. Les pantalons de velours immondes et si désagréables. Les couvertures en polaire. Les câlins de maman, de papa, de la famille.

Avec le temps, les souvenirs deviennent toujours bons. Parmi une enfance complexe, ce sont les fragments que j’ai sauvés.

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