Master Boot Record L’homme qui danse avec les flops

20 ans putain. 20 ans que Matrix est sorti. 20 ans que Neo est devenu le pseudo de bon nombres de totos en mal d’action. 20 ans qu’on nous ressort la vanne du bug dans la matrice à toutes les sauces. 20 ans qu’un film a marqué son époque et son futur puisque encore aujourd’hui on est là à en parler. La trilogie et son spin-off animé ont fait de nombreuses émules depuis le temps. Dire qu’on aurait pu prendre cette foutue pilule bleue et passer à autre chose…

Mais non, on a pris la pilule de gauche et on a tout de suite capté ce qu’il se passait en vrai. Nous voilà donc arrivés devant une cathédrale dressée vers le ciel apocalyptique avec, en son sein, un prêtre du digital sous toutes ses formes : Master Boot Record.

Le maître de ces lieux prêche depuis sa plus tendre enfance la liberté du net et de ces différents acteurs. Dès les début du réseau, il est là, présent dans ces courants que l’on nomme Warez et Demoscene où les hacktivistes détournent les contenus pour en faire une réalité alternative à coup de lignes de code modifiées.

Tel est l’univers de Master Boot Record. La zone amorce est prête et l’on peut passer aux choses sérieuses. Depuis le temps que j’écris pour AOW, je crois qu’il est difficile de passer à côté du fait que j’aime quand les guitares chantent : Plini, Stefan Wenger et maintenant MBR. Oui, c’est encore un de ces artistes qui fait vibrer ma corde sensible de métalleux en quête de nouveaux bangers.

La grosse différence ici, c’est l’univers. MBR de son petit nom est un des enfants d’une génération plus que « Y » pour qui les ordinateurs sont un superbe moyen d’expression. Par ordinateur, j’entends les premiers « Personal Computers » que nos parents ont petit à petit accueilli à la maison.MBR, c’est en effet le mec qui danse avec les flops et qui fait chanter les Amiga et PC de l’époque. Et, pour plaire aux amoureux de guitares, il fait ça dans la catégorie metal de Bandcamp. Rien que ça. Et pourtant…

Oubliez les bips et autres sons étranges des jeux de l’époque, Master Boot Record c’est une toute autre musique. Plus sombre et massive qui fait passer les gothiques du lycée pour les derniers minets du moment. On parle là d’un métal qui vient des tréfonds de cartes mères. D’ailleurs, on parle de guitare depuis tout à l’heure, mais, il faut quand même le savoir : il n’y a aucune guitare dans les enregistrements. Tout ce que l’on peut entendre vient des lamentations de processeurs, circuits imprimés et autres organes d’ordinateurs. Et c’est là que la magie opère faisant de MBR un sorcier des temps modernes usant de ces connaissances en hardware pour faire cracher à ses PC des sons venus d’ailleurs.

On se retrouve donc dans un métal 8-bit bien loin de ce que l’on a déjà pu croiser dans cette catégorie. J’ai vérifié et personne n’arrive encore à la cheville du producteur italien sauf peut être un certain Keygen Church dont je parlerais plus tard.

Avec déjà une belle discographie : une dizaine d’albums + des compilations de reprise, Master Boot Record n’en est pas à son coup d’essai et s’est déjà fait remarqué à de nombreuses reprises. Il faut dire qu’il a tendance à s’attaquer à des hymnes des geeks pour leur donner cet aspect dark-synthwave. Voilà, le nom est lancé. Il faut l’avouer, difficile de classer ses titres tant les effets sonores sont nombreux. En tout cas, l’artiste revendique cet héritage puisqu’il parle de lui et d’un de ces albums comme de la « new wave of synthesized heavy metal« .

[youtube https://www.youtube.com/watch?v=3HSpWQH4iRs]

DOS, disquettes et lignes de code font partie de cet univers musical depuis quelques années maintenant. Il revient, en 2019, avec un nouvel album : INTERNET PROTOCOL dans lequel il fait toujours appel à cette magie dont seul lui a le secret.

On repart pour 8 titres aux noms évocateurs et aux sons lourds de conséquences. Les flops s’enjaillent sur des sonorités bien plus abruptes que ce qu’on leur connait et c’est une véritable démonstration de la puissance cachées des ordinateurs de l’époque. C’est vaste et pourtant toujours contrôlé.

Néanmoins, cette puissance, aussi formidable soit elle est aussi un peu la faiblesse de l’album. Oui, on ne va pas tourner en rond, écouter du MBR a un côté jubilatoire instantané, mais il faut rester accroché pour aller jusqu’au bout. Ça ne retire en rien la jouissance que chacun de ces titres peut avoir, mais si vous n’êtes pas pleinement préparés à en prendre plein les tympans, ce sera sans doute un peu trop pour vous.

Et c’est là qu’intervient Keygen Church dont je parlais tout à l’heure. Le seul artiste qui arrive à suivre MBR dans les plus sombres recoins d’ordinateurs mis sur les genoux. Sauf que, Keygen Church et Master Boot Record sont la même et unique personne. L’un utilisant toute la puissance disponible dans un feu d’artifice musical, l’autre combinant cette puissance à des instruments tout aussi massifs : les orgues. Keygen Church, c’est un album pour marquer la pause ou faire la transition. Idéal pour ceux qui ne peuvent tenir face au reste, ░ ▒ ▓ █ (c’est le nom de l’album), est un moyen de se préparer à la puissance ou de la laisser partir au loin. Son atmosphère baroque à la limite d’un opéra sombre est en fait la volonté de l’artiste de tester de nouvelles choses. Là, j’avoue que je suis curieux de voir jusqu’où il pourra aller.

Que ce soit pour Master Boot Record ou Keygen Church, l’image est hyper importante. À mi-chemin entre les mythologiques nordiques qui font frémir les métalleux les plus endurcis et les visuels issus d’ordinateurs, toutes les images ont un rôle important voire immanquable pour l’artiste. C’est d’ailleurs, pour le projet principal, une façon d’aller capter l’attention des fans les plus fans (sic). En effet, chaque image, chaque pochette d’album et chaque titre de chanson (si dur à prononcer) est en fait la partie d’une énigme. Les plus acharnés peuvent rejoindre une petite communauté à accès fermé. Il suffit, à chaque fois, de comprendre le code et de suivre les instructions données par l’artiste.

Je le reconnais, je me suis cassé la tête sur la plupart. Alors je vous souhaite bon courage.

D’être arrivé jusqu’ici vous donne le droit de recevoir un titre. Vous le connaisseur, vous le mélomane aventurier, vous le curieux, vous le lecteur. Je ne sais pas du tout comment terminer mon article alors je ne vais pas le faire. Bisous.

*générique de fin*


Les liens qui vont bien : Bandcamp // Youtube // Soundcloud // Site

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