Le gang de Brighton est de retour et, soyons clairs, ils n’ont pas envie de faire dans la dentelle. Avec Cowards, leur troisième album, Squid plonge encore plus loin dans son chaos organisé. Un disque torturé, dense, qui sent la rouille (oui j’ai vérifié, ça sent ça) et l’urgence (sorti ce 7 février chez Warp Records)
Un album qui cogne et qui gratte
Cowards, c’est neuf morceaux qui transpirent la tension. Squid y parle du mal, des cultes, de l’apathie et de la morale qui vacille. Un joyeux programme, donc. Ollie Judge et ses potes ont puisé leur inspiration dans des romans dystopiques bien sombres.
L’exemple parfait ? « Crispy Skin », single glaçant inspiré du bouquin Cadavre Exquis d’Agustina Bazterrica. Une dystopie où le cannibalisme est normalisé, où les frontières entre bourreau et victime sont floues. Ollie Judge (chanteur et batteur) explique : « Quand tu lis ce genre d’histoire, tu te vois toujours comme le gentil. Mais si t’étais coincé dans ce monde, est-ce que tu serais si différent ? » La question est posée, et la musique fait le reste. Guitares nerveuses, basse rampante, tension qui monte jusqu’à l’explosion… Une vraie descente aux enfers.
Plus barré, plus expérimental, mais toujours aussi frontal
Squid a toujours été un groupe difficile à ranger dans une case. Post-punk ? Rock expérimental ? Prog barré ? Tout ça à la fois, et encore plus sur Cowards. Là où O Monolith explorait déjà des structures alambiquées, ce nouvel album va encore plus loin. Ça joue avec les tensions, avec des montées lentes et des explosions soudaines, avec des textures électroniques et organiques qui se mélangent dans un bordel parfaitement maîtrisé.
C’est aussi leur disque le plus habité. On sent qu’ils ont pris le temps d’explorer chaque son, de pousser chaque atmosphère jusqu’à ce qu’elle devienne suffocante. Le résultat est intense, dérangeant, et complètement hypnotique.
Si tu cherches du réconfort, passe ton chemin. Mais si tu veux un disque qui te bouscule et qui te laisse avec plus de questions que de réponses, Cowards est là pour toi.