Aujourd’hui, cher lecteur, Lancenoire te parle de l’un de ses p’tits péchés mignons: le Shibari.
Le Shibari signifie littéralement attaché ou lié. A l’origine un art martial d’encordage réservé aux samouraïs afin de les immobiliser et de les humilier lors d’une défaite ou capture, sans qu’il ne puissent perdre la face, il avait le doux nom d’Hojujutsu.
Ce dernier a évolué pour s’appliquer de façon plus violente à tous les criminels : le hobaku-jutsu. Ils étaient ainsi ligotés et ou suspendus avec des techniques et des cordes en fonction de sa classe sociale. Les prisonniers mourraient souvent de graves séquelles physiques. Ce n’est qu’à la fin du 18ème siècle que ces pratiques furent interdites.
Le Kinbaku (bondage érotique) n’apparaît qu’à la fin de la période Edo, grâce à Ito Seiu qui fonde cette pratique artistique en la basant sur l’ancestral Hojujustu.
Puis, John Alexander Scott Coutts (John Willie, pour les intimes), photographe, scénariste et dessinateur SM, le fait découvrir au monde entier dans les années 50.
Aujourd’hui, le Shibari regroupe les pratiques modernes de bondage SM japonais, mais c’est plutôt une appellation occidentale, les nippons préférant Kinbaku ou Kinbaku-bi.
Tout ça, c’est super, mais tu nous emmerde avec tous ces détails, ça sert à quoi d’attacher une personne?
Finalement, comme toute pratique de bondage, le Shibari est essentiellement une pratique de domination du lieur vis à vis du lié. Il sert à immobiliser la personne soumise afin de pratiquer sur elle mille délices… Pardon, sévices. Le petit truc nippon en plus, c’est l’esthétique de la chose, l’aspect rugueux et naturel, instinctif dans sa symbolique.
C’est donc une pratique qui nécessite beaucoup de complicité entre les participants.
Le dominant se doit d’être doux, sensible et progressif pour ne pas blesser outre mesure le soumis.
Bien sûr, on te parlera souvent du plaisir physique. Au delà du jeu de l’esprit, les points de compression générés par les liens, entraînent des sensations de plaisir pour le soumis. Les cordes tendues assurent une pression, voire un écrasement sur des zones érogènes. La suspension accentue cette sensation de lâcher prise, d’être à la merci de son dominant. Certains comparent ça à une sorte de Shiatsu pervers, mais c’est un pas que je ne franchirais pas. Si faire du mal et avoir mal peuvent faire du bien, je ne considère pas que cela soit l’idée maîtresse de cette pratique.
En effet, comme toute pratique amoureuse, elle se fonde sur la confiance et l’abandon entre deux personnes. Elle est donc plus cérébrale.
Puis, il y a aussi l’aspect esthétique. Les figures imposées sont magnifiques et soulignent parfaitement le corps du soumis ou de la soumise. On est ainsi dans une recherche plus artistique que sadique.
Comment la pratique-t-on ?
Lancenoire traîne souvent chez Casto et à juste titre, car c’est là que tu trouveras ton bonheur. Sinon, cherche sur le web, il y a plein de sites spécialisés.
Prends uniquement des cordelettes en fibre naturelle (chanvre uniquement, pas de polypropylène, c’est trop douloureux) de 7 m minimum, pour être tranquille (qui peut le plus peut le moins). Tu peux toi-même les couper et les ajuster en fonction de tes besoins.
Documente-toi d’abord, c’est essentiel. Le Shibari est avant tout un plaisir et une connaissance livresque qui s’expérimente ensuite avec son ou sa partenaire (à moins que tu n’aies le temps d’aller sur suivre une formation au Japon pour devenir sensei)
J’ai essentiellement trois livres à te conseiller…
L’atelier des cordes de Philippe Boxis (pratique, facile d’accès et bien documenté).
Les sortilèges du bondage japonais de Midori (précis, bien illustré, pour un level intermediaire, point de vue féminin)
Kinbaku : the art of rope bondage de Nawashi Murakawa (en anglais, expert level).
Au delà de ces considérations pratiques, je ne saurais que trop te conseiller de ne le faire exclusivement avec l’élue de ton cœur. Elle seule saura pardonner tes errements initiaux. tes égarements sous le feu de l’action et une suspension mal assurée qui s’effondre (veille toujours à suspendre au dessus d’un lit).
Allez, montre-toi attachant et file attacher ton homme ou ta femme…