« Pig » de Michael Sanorski avec Nicolas Cage

Depuis quand n’avez-vous pas vu un grand film avec Nicolas Cage dans le rôle principal ?

Pour ma part, après m’être posé cette question, je suis allé fouiller dans sa filmo et j’ai dû remonter jusqu’en 1998 avec le Snake Eyes de Brian De Palma, soit plus de 20 ans. Sous la houlette du réalisateur virtuose, il campait un flic ripoux. Sa prestation était tout en exubérance et énergie, tout l’opposé du rôle qu’il joue aujourd’hui dans le film Pig.

Ce dernier, lui-même sobre voire austère, n’aurait pu accueillir en son sein les fameuses grimaces et vociférations cagiennes comme on a pu les voir dans Snake Eyes donc, À Tombeau Ouvert ou encore Face/Off.

Ça fait plaisir de retrouver Nic Cage que l’on croyait définitivement perdu à errer en caricature de lui-même dans moult films de série B, voire Z et il faut bien dire que cela faisait peine à voir surtout s’il l’on considère qu’il faisait partie des quelques wonder-boys hollywoodiens des 90’s.

Mais revenons à Pig, premier long-métrage du jeune réalisateur Michael Sanorski.

C’est un film d’une beauté crépusculaire et dépouillée (à l’image de l’affiche), épuré, aucun plan ou parole en trop. Il s’ouvre en vue aérienne sur les remous d’une eau sombre comme du pétrole, il s’achèvera à l’opposé avec un regard vers le ciel.

Lors des premières scènes, on suit Rob Feld / Nicolas Cage qui vit reculé en ermite dans une forêt sauvage. Il est tout de même accompagné d’un cochon et pas n’importe quel cochon puisque c’est un truffier. On voit que Rob porte une affection toute particulière à l’animal, mais cela va plus loin que ça puisque c’est son seul lien avec le monde extérieur et avec la vie tout court, le seul être vivant à qui il daigne donner un peu de ce qui ressemble à de l’amour (rien de zoophile, je vous rassure).

En effet, la seule personne que cet homme isolé vient à voir (tous les jeudis) est Amir, un jeune négociant qui débarque dans sa voiture de sport pour lui acheter ou plutôt lui troquer (contre quelques denrées et éléments nécessaires à sa subsistance) la précieuse marchandise.

Rob ne saute pas de joie à ces retrouvailles hebdomadaires et ne se montre pas davantage loquace que lorsqu’il est seul. C’est la seule concession qu’il fait au monde extérieur et on comprend qu’il n’attend plus rien d’autre de la vie qu’on lui foute la paix, dans sa cabane, dans sa forêt avec son cochon.

pig nicolas cage

Alors, quand la nuit une bande de junkies défonce sa porte pour lui voler son ami porcin, on se dit que l’ermite vénère va faire tourner le film en revenge movie bien violent. Cage is back, il va débouler en ville (Portland) et il va tout dégommer, oui ça va chier sévère !

Que nenni ! Certes il retourne à la civilisation pour suivre la piste du goret dérobé, mais cela va se faire sans effusion de sang. Rob va au contraire devoir suivre le chemin inverse qui l’a mené à sa vie d’ascète et affronter les fantômes de son passé. Et se questionner sur le sens de la vie. Quelles sont les choses qui valent vraiment le coup qu’on se batte ? À quoi tient-on vraiment ? Le bilan d’une vie tient-il le choc face aux aspirations d’alors ?

Je sens que j’ai perdu une partie des lecteurs.

Rassurez-vous, le film n’est en rien ennuyant ou pesant. C’est une rivière sombre qui poursuit lentement, mais inexorablement son cours où il est également question de gastronomie et de rapports familiaux. Mention spéciale au face à face Nicolas Cage / Adam Arkin.

Bon, s’il te plaît Nico, n’attends plus 20 ans avant le prochain bon film.

Pig est sorti au cinéma mercredi dernier.

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